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Keaps

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INTERVIEW KEAPS

@pascalbagot

Mexicain Américain installé aujourd’hui en Europe de l’Est, Keaps nous raconte depuis Prague, sa ville d’adoption, les différentes étapes qui lui ont permis de devenir un des artistes les plus doués actuellement dans les registres de la lettre et de la calligraphie.

Salut Keaps, tu as récemment participé à la convention de tatouage Gods of Ink de Francfort, comment s'est déroulée cette expérience ?

C'était incroyable de participer à cet événement, car il réunissait de nombreux artistes formidables, dont certains que j'admire et respecte. C'est sans aucun doute un moment fort de ma vie personnelle, car c'est quelque chose que j'ai toujours voulu faire. J'attends avec impatience de voir ce que l'événement de l'année prochaine pourrait apporter.

Beaucoup de tatoueurs et de calligraphes chicanos étaient présents, as-tu rencontré certains de tes héros ?

Oui, j'ai pu voir certains des gars que j'admire depuis un certain temps, et certains que je connaissais déjà. J'ai eu de bonnes discussions avec plusieurs d'entre eux et c'était une expérience incroyable.

Tu as fait une session de graffiti avec l’artiste australien Mayonaize, peux-tu nous en parler ?

Il a eu la gentillesse d'écrire le nom de ma petite fille sur l'un de mes graffitis, c'était donc plus une intervention, mais aussi quelque chose que je n'oublierai pas. J'ai une collection de leurs noms écrits par les meilleurs artistes de lettrage et de calligraphie et je devais avoir celui de Mayonaize là-dedans.

Quelle est la place de la culture graffiti dans votre expérience ?

Le graffiti est à la base de ce que je suis aujourd'hui. Il m'a permis de m'interroger et d'explorer les nombreuses idées qui en découlent. Le graffiti est la fontaine de jouvence. Quand on vieillit, il nous ramène à l'époque où l'on était enfant. Aujourd'hui, le graffiti joue un rôle important dans la culture du tatouage, car de nombreux artistes en ont fait lorsqu'ils étaient jeunes.

Tu vis maintenant en Europe, dans la ville de Prague, en République tchèque. Comment un Américain d'origine mexicaine se retrouve-t-il en Europe de l'Est ?

Grâce à la vie et à ses circonstances. J’ai rencontré une fille lors de mon arrivée en Europe et, au fil du temps, nous avons décidé que nous devrions être ensemble. Nous avons décidé de rester à Prague, car c'était une bonne base pour vivre et nous déplacer en Europe pour le travail.

Ta relation avec l'art est liée à ton expérience de vie et à la prison, un séjour au cours duquel tu as réalisé une œuvre très particulière. Tu nous en parles?

Oui, le séjour derrière les barreaux a été une expérience de vie pour moi. J'ai beaucoup appris en tant que personne et aussi sur le plan artistique. Je passais toutes les heures qui me restaient à dessiner, certaines pour des tatouages, d'autres pour des commandes. C'est là que j'ai appris à tatouer et à tout fabriquer, des aiguilles à la machine. Je me concentrais principalement sur l'art chicano au crayon et au graphite, et je voulais être connu pour cela.

L'histoire se poursuit avec la publication d'un de tes dessins dans un magazine, qui agit comme un déclencheur pour toi. Que s'est-il passé ?

Oui, ce dessin a été envoyé de la prison au Lowrider Art Magazine dans l'espoir d'y figurer. Ce qui s'est déroulé ensuite a dépassé mes espérances : j'ai gagné la publication dans la page centrale et la première place. À cette époque, j'étais déjà sorti de prison et j'ai eu la confirmation que je devais continuer à faire de l'art une profession.

Comment expliques-tu que cela ne se soit jamais arrêté ?

La passion qui m'habite est intacte et tant qu'elle sera présente, je continuerai à créer.

D'où vient cette attirance pour les lettres et la calligraphie au pinceau ?

L'attirance pour les lettres a toujours été présente et m'a conduit à la calligraphie elle-même. Comme je l'ai dit, c'est l'exploration qui m'a conduit à la calligraphie, et en conjonction avec la culture du tatouage, il y a beaucoup plus de possibilités.

Comment votre approche de la calligraphie s'est-elle développée ?

J'ai commencé à progresser lorsque j'ai commencé à me laisser aller et à me concentrer sur mes propres affaires, car il peut y avoir beaucoup d'influences extérieures.

Ta calligraphie est également proche du figuratif - avec des motifs animaliers, des armes, - mais aussi de l'abstrait.

Oui, je veux pouvoir toucher à toutes sortes de goûts, certaines personnes ne connaissent rien à la calligraphie. Ainsi, lorsque tu présentes différents motifs, tu crées un lien. Je veux plaire aux plus anciens comme aux plus jeunes et faire prendre conscience aux gens des possibilités qu'offre la calligraphie.

Quels artistes regardes-tu et pourquoi ?

Je regarde ceux qui travaillent dur et progressent dans leur art, ceux qui me poussent à me lever et à travailler.

Enfin, d'où vient ton nom, Keaps ?

Keaps a été choisi au hasard dans un livre car mon prénom était trop long et c'est l'alternative que j'ai retenue, sans aucune connotation. + IG : keaps_25lr https://www.keaps.store