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Jean Gaia

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INTERVIEW JEAN GAIA

@pascalbagot

Pour le trentenaire brésilien Jean Gaia, originaire de Maua près de Saõ Paulo, le tatouage est arrivé à point. Il lui a offert le terrain artistique idéal où exprimer sa créativité et sa passion du dessin. Mais c’est finalement dans le style newschool qu’il a trouvé la liberté dont il avait besoin pour mener ses expérimentations et devenir en fin de compte une des fines aiguilles du moment.

Tu as toujours dessiné ?

Je dessine depuis que je suis tout petit. J'ai été très influencé par mon frère, qui dessinait toujours et m'inspirait. Puis, progressivement, j'ai été obsédé par les bandes dessinées japonaises, les jeux vidéo et toutes sortes d'illustrations.

Quelles influences ont nourri ton univers artistique ?

Les jeux vidéo comme Metal Slug, Yu Gi Oh ont toujours attiré mon attention et les dessins animés comme Dragon Ball, Knights of the Zodiac, Yo Yo Hakusho ont fait partie de mon enfance. Ils ont donc eu une influence considérable sur mon développement artistique. Plus tard, la scène du graffiti a fait partie de ma vie, mais je n'étais pas en mesure de peindre dans la rue car cela coûtait cher à l'époque. J'avais donc l'habitude de dessiner uniquement sur mes livres. Les dessins et les illustrations m’ont toujours accompagné.

Comment se passent tes débuts dans le tatouage ?

J'étais musicien et j'ai occupé différents emplois dans plusieurs entreprises. Après avoir été licencié j'ai commencé à vendre mes dessins à des étudiants, puis un studio de tatouage m'a contacté pour mes dessins. J'ai trouvé ça cool et je me suis lancé. Après quelques années, j'ai commencé à tatouer dans l'appartement d'un ami. Huit mois plus tard, j'ai trouvé mon premier emploi dans un shop. Il était situé dans ma ville, à Maua, et c'était comme un vieux studio. Il s'appelait Tattoo Legal. Le propriétaire est un de mes amis proches, Renato Demei. Il m'a tout appris sur les machines, les encres et les aiguilles.

Tu fais essentiellement du new school aujourd’hui, cela a toujours été le cas?

En l’espace d’un an j'ai découvert le style new school et j'ai été fasciné par toutes les perspectives, les couleurs et la créativité. J'ai donc commencé à apprendre. J'ai admiré des artistes, comme Ben Banzai - il a eu une grande influence sur mes tatouages et, heureusement, c'est un bon ami à moi. Il m'a appris et montré beaucoup de choses sur ce style. C’est ma passion. J'ai étudié à fond tout ce qui s'y rapportait puis je suis allé prendre des cours d'art avec André B2. Sa façon d'enseigner les choses m'a aidé à faire de meilleurs dessins, plus détaillés, avec plus de reflets ou de couleurs différentes, mieux structurer mes pièces et les rendre plus ‘propres’.

Quand tu abordes une nouvelle pièce, il y a des points sur lesquels tu te concentres en particulier ?

J'aime penser à la façon dont je vais traiter le personnage ou l'objet, à la structure et à la composition. Puis, j'aime apporter une histoire derrière la pièce. J'aime donner un aspect surréaliste à mes dessins et mes tatouages, avec des perspectives et des couleurs plus proches du naturel, apportant cette esthétique d'art surréaliste. Les animaux sont mon thème préféré. Des animaux qui ont comme une personnalité, comme un être humain. Par exemple, un renard est intelligent et sournois, j'essaie donc de lui donner des expressions humaines, parfois plus folles et parfois plus naturelles. J'essaie de transmettre les sentiments ou l'excitation du personnage.

Comment travailles-tu tes couleurs ?

Elles aident à apporter des sentiments à la pièce. J'utilise des couleurs sombres et froides pour montrer le sérieux ; des couleurs riches et vibrantes pour apporter de la joie, de l'euphorie ou même de la folie au personnage. Le contraste est vraiment important pour moi. Je cherche toujours à faire ressortir la pièce principale en utilisant des couleurs fortes, puis en utilisant des couleurs douces en arrière-plan, en prenant soin d'équilibrer les ombres et les lumières.

Les portraits en couleurs, c'est un défi pour toi ?

Les portraits en noir et gris sont sympas aussi mais les portraits colorés, oui, sont une sorte de défi. C'est agréable lorsque tu obtiens toutes les nuances de couleurs, exactement comme sur l'image ou la photo. C'est plus satisfaisant. Cependant, même pour ces portraits en couleurs j'essaie d'être créatif et d’ajouter, autant que je peux, ma touche.

Sur le plan créatif, comment fais-tu pour rester inspiré ?

Je regarde beaucoup de dessins animés et je vais à des expositions (musées ou graffitis). Il semble que je sois plus créatif en regardant ou en visitant ces endroits et en voyant des choses nouvelles ou anciennes.

As-tu d'autres moyens d'expression artistique ?

Aujourd'hui, je travaille dans un studio de tatouage à Sao Paulo qui s'appelle Tattoo You et c'est un endroit vraiment sympa. J'aime beaucoup y travailler. Après toutes ces années, j'ai commencé à peindre des graffitis grâce aux amis que je me suis faits dans le shop. Nous aimons nous rencontrer et dessiner ensemble, ce qui me motive vraiment à continuer à travailler dur et à apprendre de nouveaux tricks.

Il y a des tatoueurs dont tu regardes le travail en particulier ?

Pour le moment, je ne suis pas vraiment le travail d'autres tatoueurs parce que je ne veux pas que mes tatouages ressemblent à d'autres tatouages. J'ai essayé d'apporter ma propre touche à mon art et de montrer mon propre point de vue sur la réalité. + IG : @jeangaiatattooyou Tattoo You Rua tapapua,1443, itaim bibi São Paulo