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Amy Mymouse

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INTERVIEW AMY MYMOUSE

@pascalbagot

La tatoueuse fançaise Amy Mymouse, que l’on a récemment vue à la télévision dans l’émission ‘Tattoo Cover’, a accepté de se prêter au jeu de l’interview pour Inkers. Depuis sa ville d’adoption, à Montreux en Suisse où elle vient d’ouvrir son studio Maison Louche, Amy nous ouvre les portes de son univers artistique au centre duquel trônent les femmes à l’esprit guerrier.

Revenons à tes débuts, il me semble que tu voulais à l'origine faire une école de cinéma ?

À l’origine, je voulais faire de la bande dessinée ou / et du cinéma d’animation. Ce sont mes références et la base de mon travail.

Tu as des films préférés ?

Je suis une fan incontournable des studios Disney et Pixar, du réalisateur japonais Miyazaki. Sinon, j’aime beaucoup les films dramatiques, mais faire une liste serait beaucoup trop long et l’interview ressemblerait à Allociné.

Comment s'est faite la transition avec le tatouage ?

Pendant mes études préparatoires à Paris, j’ai travaillé sur la thématique du tatouage. En faisant mes recherches, j’ai découvert l’étendue des possibilités techniques. On m’a montré le travail des artistes Jesse Smith, Stéph Dé, Dimitri HK… et j’étais loin d’imaginer qu’il était également possible de faire du dessin animé sur la peau. J’aimais aussi ce coté « humain » du métier. Du coup, après mon école d’art, j’ai commencé à me renseigner plus sérieusement.

Tu as toujours dessiné ?

Oui aussi loin que je puisse m’en souvenir. J’ai grandi avec différentes influences parmi lesquelles Disney, la bande dessinée, les mangas, les illustrations de livres. Je m’inspirais de tout ce que je voyais, je trouvais tout beau … ( rires )

Comment se sont passées tes premières années dans le milieu ? Il me semble que tu as fait une partie de ton apprentissage avec Dimitri HK ?

J'ai juste fait un essai chez Dimitri, il a préféré retenir à ma place mon ami Noka. J’y ai fait cependant de chouettes rencontres : Steph Dé, Dimitri, Dago, entre autres. C’était ma première expérience, j’observais beaucoup. J’y ai appris plein de choses en terme de préparation, les bases. Ensuite je me suis remis en quête d’un apprentissage, chose difficile à l’époque mais j’ai fini par trouver une place à Rennes chez Alex (Tsunami Tattoo) et Arno (Tatouage à l’Étage). Entre les années de travail et les rigolades, j’en retiens de beaux souvenirs.

En tant que femme dans ce milieu alors encore très masculin, comment cela s’est-il passé ?

Chercher un apprentissage à l’époque était un peu compliqué pour une femme. Mais une fois entrée dans le milieu, je n’ai plus eu de souci. J’ai même reçu beaucoup de soutien, était-ce parce que j’étais une fille ? Je ne sais pas mais, en tout cas, je ne me suis jamais senti dénigrée, ni à mes débuts, ni ensuite. Et puis, je ne comprenais pas les vieilles blagues graveleuses de certains tatoueurs, donc ça ne me touchait pas ... lol ;-)

Que penses-tu de l’évolution de la place de la femme dans le tattoo ?

Les gens prennent plus facilement les filles en apprentissage je pense. Dans les conventions à l’époque nous étions quatre femmes. Maintenant, heureusement, cela a bien changé. Il était temps que les gens comprennent que nous avons plus de couilles ! ( ah ah ah )

Nous parlions de cinéma, est-ce à lui et à des films comme ceux de Tim Burton par exemple, que l’on doit tes poupées, fortes et mélancoliques ?

Non, j’aime beaucoup son univers mais cela n’a jamais été une de mes références. Elles se trouvent plutôt du côté du Lowbrow ou du Surréalisme Pop, même si tout est parti de la bande dessinée avec des héroïnes un peu guerrières comme celles nées sous les crayons de Didier Crisse ou d’Alessandro Barbucci, entre autres.

As-tu un intérêt particulier pour les contes, dans lesquels on retrouve justement des personnages de jeunes filles ?

J’ai toujours aimé les contes, les contes de féée et de toute autre sorte. J’entends les vieux contes comme les Contes de Grimm ou les Contes d’Andersen. Comme je le disais plus haut, j’aime les films dramatiques et mélancoliques. J’aime quand le personnage principal est au début dans une situation difficile et qu’elle devient à la fin une princesse heureuse.

Quand tu évoques les figures féminines que tu tatoues tu fais notamment référence à la peinture et la Renaissance italienne. Parce ce que ce mouvement artistique met en scène déesses et héroïnes ?

C’est un tout. C’est cette image dans laquelle la femme est mise au centre du tableau. Et j’aime beaucoup l’esthétisme de la Renaissance, une période pendant laquelle la femme est le sujet premier des peintures - du moins celles que j’admire - et où la volupté est mise en avant.

As-tu toi des héroïnes et si oui lesquelles ?

J’aime plutôt des parcours de vie ou les carrières de certaines personnes. Mon art est assez représentatif de la force de la femme.

Dans une interview tu disais que tu étais assez geek, tu nous en dis plus ?

J’aime beaucoup les mangas, que j’ai dévorés étant plus jeune. Niveau console de jeux, je suis une aficionado de la Nintendo et particulièrement du jeu Zelda. Avec l’âge, je me suis beaucoup rapprochée du fantastique, principalement dans mes lectures ceci dit, avec une nette attirance pour les figurines GOTH ou Harry Potter.

Parlons télévision et l’émission de télé « Tattoo Cover » à laquelle tu as participée puis quitté en Saison 3. Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience?

J’ai adoré tourner cette émission et j’ai été super heureuse de rencontrer Philippe Etchebest (célèbre cuisinier français, ndr) !

Je discutais dernièrement avec la tatoueuse américaine Kelly Doty, qui a notamment participé à l'émission de télé 'Ink Master'. Elle disait que ce genre de programme a beaucoup ouvert le milieu et que le tatouage est devenu une option pour plus de gens qu'avant. Es-tu de cet avis?

Démocratiser je ne pense pas, mais cela a montré une autre image du tatoueur en général. Le coté artistique a été beaucoup plus mis en avant et permis de montrer ce qu’il était possible de faire en tattoo. Grace a ces émissions, la clientèle a compris qu’il y avait différents styles, ce qu’il était possible de faire ou de ne pas faire. Tout simplement, je pense qu’ils ont compris ce qu’était le tattoo.

Pour ceux qui auraient raté l'émission, peut-on tout recouvrir en tattoo?

Oui, en somme on peut tout recouvrir avec du noir ! (Rires) Ensuite, certains tattoo peuvent être trop gros ou trop foncés, etc. Il faut vraiment trouver ce qui convient le mieux pour effectuer un cover. Et selon les cas, certains styles s’y prêtent mieux que d’autres.

Le tatouage c'est normalement pour la vie. T'est-il arrivé de déconseiller un recouvrement ?

Un recouvrement non, car l’erreur a déjà été faite en général. Mais j’ai déjà refusé de « retaper » ou de recouvrir un tattoo de Félix Leu (légende du tatouage Suisse, père de Filip Leu, ndr). Je lui ai conseillé de le garder comme ça. Il y a des choses auxquelles on ne touche pas. J’ai aussi refusé des tattoos dont le thème ne me paraissait pas approprié. Les gens se lancent parfois un peu trop vite et je préfère les laisser un réfléchir avant de revenir vers moi avec une idée plus claire de ce qu’ils veulent. + IG : @amy_mymouse https://amymymouse.com/