Inkers MAGAZINE - Mat Rule

>MAGAZINE>Portraits>Mat Rule

Mat Rule

Partager

INTERVIEW MAT RULE

@pascalbagot

En mélangeant réalisme et cartoon, le tatoueur français Mat Rule, 32 ans, a trouvé une formule qui cartonne. Originale, elle a fait de lui l’un des tatoueurs les plus populaires de sa génération. Elle démontre aussi sa technique irréprochable dont on peut admirer la précision des détails ainsi que sa capacité à traduire avec une large palette d’émotions.

Tu peux nous parler un peu de ton parcours ?

Je n’étais pas destiné à faire du tattoo. Mon oncle est peintre et j’ai grandi en voyant ses œuvres. J’aimais bien aussi les peintures classiques mais, en fin de compte, je n’étais pas trop là-dedans. J’ai habité à un moment dans ma vie en Chine, juste a coté d’un tattoo shop et c’est là que l’idée a commencé à germer.

Depuis combien de temps tu mélanges comme ça le cartoon et le réalisme ?

Cela doit faire un peu plus de cinq ans. À la base, j’avais commencé à faire du traditionnel, essentiellement parce que j’étais dans un street shop où il y avait de tout sauf du trad. Puis j’ai commencé à faire un peu de réalisme. Mais c’est vraiment quand je suis arrivé au studio Body Staff, à Vincennes, que tout a commencé. Ils m’ont mis dans des conditions idéales pour faire ce que je voulais. Pourtant, ça ne fonctionnait toujours pas. Je me suis dis alors que j’allais essayé de combiner les deux styles, que je savais plus ou moins faire, et faire quelque chose de différent.

Tu dessines depuis longtemps ?

Plus ou moins oui. Mais honnêtement, je faisais des choses simples, à des années lumière de ce que je fais maintenant.

Ton travail reprend beaucoup d’inspirations issues de la BD et du dessin animé, et pourtant j’ai été surpris d’apprendre que tu n’en lisais et que tu n’en regardais pas quand tu étais jeune ?

Oui, je ne regardais que des films de gangsters. Quand j’étais petit il n’y avait que ça qui m’intéressait. C’est dans le cadre du tattoo que j’ai commencé à avoir des demandes en ce sens et progressivement je me suis mis à en regarder, pour comprendre l’esprit du personnage que j’allais reproduire. C’était cool et, au final, j’ai continué. Finalement aujourd’hui, j’aime toujours en découvrir des nouveaux.

Peux-tu nous expliquer un peu le processus créatif de tes tattoos et la recherche qu’il nécessite. Comment t’y prends-tu pour trouver la bonne combinaison entre l’élément réaliste et l’élément cartoon

C’est souvent très différent selon la demande du projet en fait, mais le principal pour moi c’est que le résultat transmette une émotion. C’est souvent dans l’humour mais un tattoo peut aussi porter d’autres messages, dénoncer des choses par exemple.

Le travail sur les matières en réalisme, par exemple les poils des animaux, est assez bluffant. C’est pour le challenge technique que tu aimes ce style ?

Non, j’aime bien faire du réalisme et je me sens dans ma zone de confort quand je fais des animaux.

Ton réalisme est ultra-détaillé et sur du petit format, comment t’assures-tu que tes pièces vieillissent bien ?

Plus c’est petit, moins je pose de détails. Et ensuite, je marque bien mes zones de noir.

Tes tatouages se prêtent mieux à des petites pièces ?

Pas spécialement je ne suis pas fermé à faire des plus grosses pièces.

Tu partages aujourd’hui ton temps entre New-York et Paris, c’est un rêve qui se réalise ?

J’ai déjà habité à New York City dans le passé et j’ai toujours voulu y retourner. Mais, en fin de compte, j’aime trop Paris pour vraiment partir.

Tu nous parles un peu de toi? Quelle musique écoutes-tu? Tu as des hobbies en-dehors du boulot ?

J’écoute essentiellement du rap français, celui que tous mes collègues détestent en général. En ce qui concerne mes hobbies, je n’en ai pas vraiment. Je passe ma vie dans le tattoo. Mais, quand j’ai le temps, je fais du sport et je sors, comme tout le monde en somme. + IG : @matruletattoo Body Staff Tattoo Shop 45 rue Giraudineau 94300 Vincennes Tél : 01 41 93 14 13