Originaire de Madrid, le tatoueur espagnol Dani Low, résident du studio Culpa Mia Tattoo, évoque pour Inkers sa passion pour l’art, la photographie et surtout les dessins animés, dont il se sert pour réaliser des pièces newschool visuellement percutantes.
En regardant ton travail il est clair que les dessins animés ont eu une grande influence sur toi, peux-tu nous en parler ?
J'ai toujours été une personne très créative et imaginative. J'adore les dessins animés et il est clair qu'ils font partie intégrante de ma vie. Depuis toujours, je dessine Goku ou Spiderman dans les marges des livres en classe, sur mes vêtements mais aussi sur les murs et le sol de ma chambre..... J’ai toujours été très actif quand il s’agissait de faire de l'artisanat et d’inventer des choses.
Parmi les dessinateurs célèbres avec lesquels tu as grandis, il y en a que tu admirais particulièrement ?
J'ai grandi en regardant toutes sortes de séries et de films d'animation des années 90. Je les aimais tous : Warner, Hanna-Barbera, Cartoon Network, Dragon Ball... et bien sûr Disney. Je pense que quelque chose a changé dans ma tête quand j'ai vu le film « Toy Story ». Ce changement opéré par le studio américain dans la production de ses films m'a beaucoup impressionné. En voyant toutes ces couleurs, l’incroyable design des personnages en 3D... Quelque chose en moi s’est alors fixé en quelque sorte. J'ai su que je serais à jamais lié au monde de l'art.
De quelle façon cela s’est-il concrétisé ?
Après quelques années intenses de "graffitis" ou plutôt de salissures sur les murs de mon quartier, j'ai commencé à étudier la photographie - car c'est aussi un sujet qui me passionne. Plus tard, j'ai décidé d'étudier tout ce qui touche au monde de l'art, des grands classiques - comme Michel-Ange ou De Vinci - aux artistes actuels que j'aime, comme Roberto Ferri ou Jeremi Geddes.
Quand as-tu commencé à tatouer ?
Plus tard, je suis allé à l'ESDIP, (École de dessin professionnel) pendant trois ans. C'est là que j'ai pu organiser tout ce que j'avais appris par moi-même et le mettre en ordre dans ma tête. Pendant ces trois ans j'ai beaucoup appris du dessin -qui est ce que j'aime le plus, aussi bien pour la création d'anatomie que pour celle de personnages - en passant par la sculpture, la bande dessinée, l'illustration, le cinéma, l'animation 2D et 3D... J'ai également appris à utiliser des programmes qui sont aujourd'hui indispensables à mon travail, comme Photoshop. J'ai aussi mis la main sur une machine à tatouer mais, au début, j'étais assez réticent parce que je n’étais pas sûr d'être capable de tatouer quelqu'un. C'est une grande responsabilité. Cette peur s'est cependant dissipée lorsque j’ai fait mon premier tatouage. Ce fut un coup de foudre instantané. Depuis, je n'ai pas arrêté de tatouer et je travaille presque sans interruption depuis sept ans. Je suis passionné par mon travail.
Tu as fait un apprentissage?
Au début, je n'avais même pas de réseaux sociaux et mes connaissances en matière de tatouage étaient plus que nulles, j'ai donc commencé à aller dans un studio en tant qu'apprenti. Eigleer Nunes (@eig.tattoo) m'a appris tout ce dont j'avais besoin. Après quelques mois, j'ai commencé à avoir des clients et petit à petit, j'ai eu mon propre agenda.
Tu as toujours fait du newschool ?
Je ne dessine pas toujours dans ce style et au studio j'essaie de tout tatouer, car j'aime tout et beaucoup de gens me demandent d'autres styles. Mon Instagram est uniquement axé sur mon style NewSchool et c'est ce que les gens connaissent de mon travail. Ils savent moins qu’en dehors du tatouage, j'aime beaucoup l'art classique.
La grande liberté de création offerte par le style, c’est la chose la plus importante pour toi ?
Sans aucun doute. J'aime le style dans lequel je travaille car je pense que l'on peut faire presque tout. Le client s'attend à voir ta version de son idée et il a presque toujours le sourire aux lèvres lorsqu'il la voit.
En terme de couleurs, comment as-tu constitué ta palette ?
Le newschool se caractérise par une grande variété de couleurs très contrastées et saturées mais, me concernant, 'essaie de ne pas utiliser plus de sept couleurs dans mes œuvres.
Quelle est la chose la plus importante pour toi lorsque tu abordes un projet ?
La première chose que je fais est de parler au client, de prendre des notes et des croquis afin de créer mentalement un dessin. Je demande toujours s'il a une couleur préférée, où il voudrait faire ce tattoo et s'ils envisagent de poursuivre à l'avenir. Il faut toujours penser à l'adapter. Pour moi, le plus important est que le tattoo ait un impact visuel, qu'il s'agisse de la couleur ou de ce que le dessin exprime.
Tu travailles plutôt en free hand ?
Non, j'ai l'habitude de préparer le design à 100%. Je n'aime pas improviser quand je fais du newschool. Il y a beaucoup de choses à prendre en compte et à tout moment on peut oublier quelque chose.
Il se dégage beaucoup de douceur de tes personnages, il s’agit d'une catégorie de dessins animés que tu aimes particulièrement ?
Oui, je me suis vite rendu compte que tous mes toons à grosse tête appartiennent au même univers. Lorsqu'on me demande un personnage que j'ai déjà créé, j'essaie d'en faire un autre de la même famille, afin qu'ils gardent tous le même style.
Il est aujourd’hui nécessaire de faire preuve de toujours plus d’inventivité pour répondre aux demandes des clients, tu y vois l’opportunité de te dépasser ?
Hahahaha bien sûr, j'ai tellement de clients avec des idées totalement folles qui me font parfois exploser la tête ! Mais j'adore travailler avec eux, grâce à eux je peux chercher de nouvelles façons de faire mon travail. Je leur suis très, très reconnaissant à tous.
Comment entretiens-tu une certaine fraîcheur créative pour tes projets?
Lorsque je travaille, j'essaie de trouver de bonnes références afin que mes personnages ne s'éloignent pas trop de la réalité. Je dessine tout le temps, j'ai toujours un dessin sur mon iPad qui peut m'aider à démarrer. Pour garder l'esprit libre, j'essaie dès que je le peux de m'évader afin de laisser l'inspiration venir régulièrement. Mais aussi de rester loin des réseaux sociaux.
Comment entretiens-tu ton dessin au jour le jour ?
J'ai des millions de dessins sur l'iPad et sur papier. J'ai toujours quelque chose à dessiner, peindre ou concevoir. Disons que c'est un mode de vie génial et amusant.
As-tu d'autres passe-temps que le dessin et le tatouage ?
J'aime beaucoup la musique et j'écoute de tout, mais j'adore le reggae. Un bon concert entre amis est toujours une bonne idée et j’aime aussi faire des sorties en plein air, de la plongée sous-marine, voyager... J'adore les reptiles et les insectes, ma jambe droite est tatouée d'insectes. + Dani Low IG : @danilow.tattoo