Timer a deux passions dans la vie : le tatouage et le graffiti. Difficile en fin de compte de savoir quelle discipline a influencé l’autre quand on regarde le style du Canadien de Montréal, mais une chose est sûre, il est le point de rencontre entre deux expressions artistiques plus complémentaires qu’on ne le croit.
Salut Timer, commençons par une rapide présentation pour ceux qui ne te connaissent pas : d’où es-tu originaire et quel âge as-tu ?
Je suis né à Montréal au Québec, Canada, et j’ai 51 ans.
Ton blase ‘Timer’, d’où vient-il ?
Je suis toujours à la dernière minute mais toujours à l’heure. En tout cas le plus souvent possible !
Tu viens du milieu du graffiti, à quoi ressemblait cette culture quand tu as commencé ? Tu as fait partie d'un crew ?
Après un voyage en 1990 à New-york avec l’école je me suis dis que graffer était exactement ce que je voulais faire. Je me suis fait la main et en 1992 j’ai fais mon premier graff de nuit, dans le centre ville de Montréal. Il n’y avait pas beaucoup de graffeur à cette époque (4-5 max). Mon crew s’appelait ‘Bam’ pour ‘Bombing all Montreal’.
Quels mots utiliserais-tu pour parler de ton style et quels sont les points sur lesquels tu es particulièrement attentif quand tu graffes ?
Je regarde vraiment tout. La composition, le style de lettre, les couleurs, le background et surtout l’exécution (moyenne, clean ou super clean).
Comment arrives-tu dans le milieu du tattoo ? Il a toujours fait partie de ton paysage ?
A travers le graff j’ai connu Pierre Chapelan (patron du studio Tattoomania) et j’y ai travaillé de fin 1999 à 2015, soit une quinzaine d’années. J’ai ouvert ma boutique Deville tattoo avec Rémi, originaire de Nantes, il y a de cela sept ans maintenant. Phil et Cat Bijou se sont joints à nous peu de temps après.
Le flow et la dynamique sont importants dans le graff, deux aspects qui se transposent bien dans le tattoo avec la prise en compte des lignes du corps. Cela rend-il les deux disciplines compatibles ?
Oui, en un sens c’est très similaire, il suffit d’agencer les formes du corps au mouvement graff.
Le tattoo c’est une transposition du graff sur le corps pour toi ou c’est autre chose ?
Oui, quand le client demande ce style de tattoo (graff ou new-school). Sinon j’essaie de travailler avec le client(e) le plus possible dans ce sens.
Tout ce qui marche sur un mur marche-t-il aussi sur la peau ?
Pas tout mais presque !
De quelle manière le graffiti inspire tes pièces en tattoo ?
Mouvement, méga contraste et grosses lignes. J’adore transposer ce style en tattoo.
Inversement, qu’as-tu pris à la culture tattoo et transposé dans le graff ?
Les espaces négatifs, le mouvement plus organique et mettre beaucoup de noir pour refaire sortir les couleurs pâles.
Prends-tu le même plaisir à faire une ligne à la bombe et une ligne à tatouer ?
Totalement différent mais la même sensation de satisfaction une fois bien faites.
Comment as-tu fait évoluer ton lettrage au fil du temps?
En m’inspirant d’autres artistes surtout et en créant le plus possible. La venue de l’Ipad pro a changé la donne aussi. Il y a beaucoup plus de possibilités avec le même lettrage.
Comment se répartit ton temps entre le tattoo et les autres disciplines artistiques que tu fais? Tu fais de la peinture sur bois, avec du relief, entre autres. Peux-tu nous en parler??
Je dirais environ 50/50. Je peints beaucoup sur toile, sur bois et sur vinyles en ce moment. Depuis l’année dernière, j’essaie de graffer beaucoup plus qu’avant. J’adore le feeling, la rapidité à laquelle tu peux faire une méga pièce (6-7hrs). C’est juste trop trippant.
Tu as partagé ton atelier avec Jean Labourdette, connu pour son travail réaliste. Quels enseignement as-tu retirés de cette expérience?
J’ai appris beaucoup avec Jean, notamment la sous couche (transparence de couleurs). La minutie et la rigueur aussi. J’ai vraiment eu de belles années à l’atelier avec lui.
Faire du graff sur toile, quel sens cela a pour toi?
Je suis pour ça à 100%. J’adore peindre sur toile/bois. Selon moi, l’un ne va pas sans l’autre.
La culture graff est aujourd’hui dans les galeries. Est-une bonne ou une mauvaise chose selon toi?
C’est une excellente idée. Plus les gens la connaîtront, plus nous aurons de chances de voir se créer des places légales dans les villes ou dans les banlieues. Je trouve sincèrement que nous manquons d’endroits pour graffer.
Le tattoo est-il voué à suivre le même chemin selon toi ?
J’ai l’impression que oui. Depuis 10-15 ans, il prend une place de plus en plus importante dans la société.
La transversalité entre les disciplines, c’est ce qui caractérise la culture du tattoo aujourd’hui?
Oui je crois que le tattoo évolue rapidement, il s’influence de plus en plus de toute sorte de mouvements artistiques : graff, street art, contemporain, réaliste, cartoon, BD, sculpture, etc. + IG : @tattootimer Deville Tattoo 6515 Papineau, Montréal, Canada Contact : devilletattoo.ca