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Denis Elice, art gallery

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Denis Elice, art gallery

Texte : Stefayako / Photos : Denis Elice

On se croirait dans une galerie d'art quand on admire les tatouages de Denis Elice. Une exposition de statues plus expressives les unes que les autres, sur le point de prendre vie et hanter nos nuits.Denis distille son encre chez Manulibera Tattoo Studio à Milan après avoir fait ses armes auprès de Pietro Sedda, maître italien des portraits surréalistes. Pas encore 10 ans de tatouage derrière lui et pourtant une sacrée maîtrise de l'encre, du mouvement et de l'art de la composition.

Salut Denis, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m'appelle Denis et si je devais me décrire en une phrase, je dirais que je suis une personne très sociable, empathique et extravertie.

D'où viens-tu ?

Je suis né et j'ai grandi dans un petit village au pied des montagnes à quelques kilomètres de la mer de Ligurie, en Italie.

Où est-ce que tu tatoues ?

Je travaille en ce moment dans un magnifique studio privé à Milan, dans le quartier de Ventura Lambrate, connu pour la semaine du design de Milan. Le studio s'appelle Manulibera Tattoo et est dirigé par Emanuele Sircana.

Quel a été ton premier contact avec le tatouage ?

J'ai commencé le tatouage sur les conseils d'anciens collègues de travail qui m'ont suggéré de me diriger vers cette voie car j'étais très doué en dessin. J'ai noué mes premiers contacts dans le monde du tatouage en 2013 lors de la convention de tatouage de Turin. J'ai vécu neuf ans dans cette merveilleuse ville. J'y ai fait la connaissance de personnes qui sont devenues des collègues de travail l'année suivante.

Ensuite, comment es-tu devenu tatoueur ?

En 2013, quand j'ai décidé de me lancer dans cette voie, je ne savais pas vraiment comment l'aborder. Je me suis renseigné sur le sujet en choisissant de me faire tatouer par les plus grands tatoueurs d'Italie comme Pietro Sedda, Rudy Fritsch et Marco Firinu. Puis je suis également allé à la convention de tatouage de Londres pour trouver l'inspiration et découvrir de nouveaux noms qui pourraient m'influencer.

Donc ça fait combien de temps que tu tatoues ?

J'ai fait mon tout premier tatouage sur un ami proche en avril 2014, c'était une simple rose et tu peux toujours le voir sur mon compte Instagram.

Tu as fait tes premiers pas de tatoueur avec Pietro Sedda. Comment c'était de travailler avec lui ?

Sans l'ombre d'un doute, mes quatre années de travail à Saint Mariner ont été une merveilleuse expérience. Je suis très reconnaissant envers Pietro pour l'opportunité qui m'a été donnée et pour la discipline qu'il m'a inculquée.

Avais-tu étudié l'art ?

J'ai étudié le graphisme publicitaire et la photographie, puis je me suis spécialisé avec un master en BD en 2010.

C'est là que tu as appris à dessiner ?

Je dessine depuis mon enfance, mais j'ai acquis de l'expérience et mûri ma technique au cours de mes études.

On peut vraiment voir l'inspiration de l'art classique dans ton travail comme les sculptures. Pourquoi le transposer sur la peau ?

J'ai toujours été fasciné par l'histoire de l'art. J'ai commencé à faire mes premiers visages en m'inspirant de photographies vintage en noir et blanc. Les statues sur peau sont venues plus tard, lorsque j'ai décidé de rendre hommage au sculpteur contemporain Igor Mitoraj après avoir vu ses magnifiques sculptures en direct, au Palazzo Reale de Turin.

D'où vient ton inspiration ? Livres, musées, expositions ?

Je m'inspire de toutes ces choses à la fois, principalement des livres d'art illustrés et de la photographie en noir et blanc.

Quelle est la part de tradition et la part de modernité dans ton travail ?

Je considère mon style comme un hybride entre la technique de tatouage traditionnel et réaliste. Je suis donc très inspiré par la composition traditionnelle, à laquelle je donne une dérive surréaliste.

Es-tu intéressé ou influencé par l'histoire du tatouage ?

Oui un peu, surtout dans ma phase initiale de documentation. J'ai fait des recherches sur les origines du tatouage traditionnel américain dont je me suis principalement inspiré pour aborder mes premiers travaux.

Entre ces recherches et l'expérimentation, penses-tu avoir créé ton propre style ?

En toute humilité, je peux dire oui. Mon style reflète ma personnalité, mes goûts en matière d'art et de design, et mes passions. Tous ces éléments sont réunis dans une composition très étudiée et sophistiquée.

Pourquoi ce choix de n'utiliser que de l'encre noire ?

En fait, j'aime aussi les couleurs dans le tatouage. Je me suis parfois amusé à tatouer en couleur, je préfère celles qui me rappellent la Méditerranée, mais c'est arrivé rarement. Mon style étant certainement inspiré par les statues de marbre et la photographie en noir et blanc, je pense qu'il prend tout son sens en utilisant uniquement de l'encre noire.

Parcourir ton compte Instagram, c'est comme se promener dans une galerie d'art. Que veux-tu exprimer à travers tes tatouages ?

Mon travail reflète mes goûts. J'apprécie vraiment qu'on perçoive mon compte Instagram comme une galerie d'art, car c'est exactement l'approche que je souhaite adopter. Il y a toute une partie de la séance photo du tatouage que je considère comme très importante dans mon travail. J'accorde beaucoup d'attention à la séance photo, après tout le client emporte chez lui mon travail sur la peau, je me retrouve avec l'image de ce que j'ai créé avec dévouement.

Est-ce que tu t'exprimes également à travers d'autres arts ?

Je regrette de ne pas avoir étudié le ballet, car si j'avais appliqué à la danse le même amour que j'ai pour mon travail, je serais peut-être une étoile aujourd'hui. Je plaisante ! (même si je suis vraiment un passionné de danse).

Est-ce que tu penses que les gens ne sont toujours pas disposés à considérer le tatouage comme une pratique artistique à part entière ?

Je constate en fait un abus du mot artiste dans le monde du tatouage, il serait beaucoup plus correct que les gens commencent à voir cette profession comme un travail d'artisan, et par conséquent lui donner la valeur qu'elle mérite.

L'Italie possède une grande scène tattoo, comment est-ce que tu vois cela évoluer ?

Je ne veux pas paraître polémique mais il me semble que le tatouage évolue vers le statut d'influenceur, à cause des réseaux sociaux sur lesquels il faut malheureusement s'appuyer pour gagner en visibilité et créer son portfolio.

Quels sont tes projets pour cette année ?

Cette année, j'ai commencé à faire évoluer mon style en l'imprégnant d'un peu d'art japonais, en essayant de rester authentique et reconnaissable. Quant aux projets futurs, dans un avenir proche, je m'organise pour partager mon travail entre l'Italie et la France, pour être précis entre Milan, Paris et Lyon. @deniselice