Ce jeune artiste Réunionnais, s’est donné tous les moyens pour devenir une pointure du newschool et c’est gagné ! Son style souvent inspiré du japonais est moderne, solide, très coloré avec une touche d’humour. Portrait d’une figure montante du tattoo newschool.
Léo est installé au Tampon, sur les hauteurs de la ville de Saint Pierre, au sud de l’île de la Réunion. Un atelier situé à la fin d’une zone industrielle, un peu à l’écart des villes et de l’agitation. Le local est spacieux, sur deux étages et doté d’une somptueuse rampe de skate. Installé au dessus d’une salle de crossfit et d’un magasin de tuning, l’ambiance musicale est parsemée de chutes d’altères, de « vroooom » de moteur et de tricks de skate, mais le plus souvent l’atmosphere est tranquille et détendue avec une vue imprenable sur la montagne d’un côté et la mer de l’autre.
Léo voit le jour en 1990 sur l’île de la réunion. Il est un pur produit du métissage réunion-nais avec des origines indiennes, européennes entre autres. Léo dessine depuis sa tendre en-fance. Il fait des études classiques qui se terminent avec un Bac Pro en communication graphique. Il prend aussi des cours particuliers de dessin avec l’un de ses profs A l’adolescence, il est attiré par le graffiti et commencera à couvrir des murs de l’île, un art qu’il pratique moins maintenant, le tattoo lui laissant peu de temps libre. A la fin de sa scolarité, il est embauché au service communication d’une municipalité. Après quelques années de labeur sans réelle motivation, il se retrouve sans emploi. On est en 2012 quand le voisin tatoueur de Betty (sa compagne) lui propose d’essayer le tatouage. Il motive lors d’une soirée arrosée, l’un de ses potes graffeurs, Neja, d’être son premier tatoué. Le lendemain le cobaye dessoûlé est bien là et l’aventure commence pour Léo. « Le voisin tatoueur » lui explique rapidement comment ça marche. Léo nous raconte “Il m’a donné une ma-chine avec un liner de 5 : “là, t’as une pédale, tu poses la machine et hop, tu vois ça fait un trait” puis après, il s’est barré dans la pièce d’à coté tatouer sa copine, et j’ai dû me démerder tout seul. Et depuis ce jour, je n’ai jamais pu m’arrêter de tatouer...” c’est vrai que c’est plutôt succinct comme apprentissage et pour la petite histoire: Le pote « cobaye » est lui aussi devenu tatoueur.
En 2012 est organisée, sur l’île de la Réunion, la seconde convention de tatouage de St Denis. C’est l’occasion pour Léo d’y rencontrer des tatoueurs de la métropole et d’autres hori-zons. Super motivé, il pose des tonnes de questions aux artistes qu’il croise (avec son plus beau sourire, private joke). On lui conseille de faire d’autres conventions et de se faire tatouer par des artistes qu’il aime pour observer et apprendre plus vite. Léo, issu de l’univers graffiti admire le travail de Logan Barracuda, graffeur devenu tatoueur à Séville (Espagne) et sans doute l’un des plus talentueux artiste du new-school. Il part donc pour Séville.
Avec sa volonté, son bagout et son culot, il se pointe au shop Barracuda pour se faire ta-touer. Chanceux, Logan a une dispo le lendemain suite à une annulation. Léo se fait encrer l’épaule et en profite pour harcelé Logan, lui demandant de pouvoir rester l’observer dans sa boutique. Logan, fini par céder. Léo reste sur Séville plusieurs semaines. Il y retournera régulièrement et en profitera pour se faire tatouer les deux bras par Logan dont l’un, tatoué en deux semaines seulement, une séance tous les deux jours. C’est une formation accélérée et une importante rencontre pour ce jeune tatoueur super motivé.
Sur l’île de la Réunion en 2012, il tatoue quelques temps chez « Même pas mal! » la bou-tique de Seb à Saint Pierre, puis ouvre son propre shop au Tampon en 2013. A la question « Est ce que tu voudrais travailler ailleurs qu’à la Réunion, c’est une petite île avec peut-être moins de possibilité ? ». Il nous répond « Non, je suis fier d’être Réunionnais, la Réunion c’est sans doute la plus « occidentale » des dom-tom. Je sais qu’à la métropole, ils pensent qu’on n’a pas internet ou l’électricité « s’amuse-t-il « et que quand on voit un beau tattoo ici, on dit que ça n’a pas été fait sur l’île. Mais si , merde ! On a plein de supers artistes ici, dans le tattoo, la musique, le graffiti etc… » , « en plus je suis vraiment bien ici, ma famille, mes amis, la mer, la montagne »
En 2017, Betty et Léo, après des mois de travaux qu’ils réalisent eux-même, ouvrent leur nouveau local. C’est un choix de s’installer dans un atelier privée. « Le street shop, faire du « walk’in » cela ne me convenait pas. Travailler dans l’urgence, non plus.. J’avais envie de travail-ler mon style et de faire mes trucs » nous raconte Léo. « En boutique, on me demandait souvent des pièces que je n’avais pas envie de faire, et je ne voulais pas passer pour un mec qui refuse tout, maintenant, on vient vraiment pour ce que je fais. »
Du Newschool à un style plus traditionnel. Léo, fruit du graffiti se dirige naturellement vers le newschool, mais avec quelques années d’expérience, il découvre d’autres styles comme le « néo-trad » et le traditionnel japonais. Ça se ressent dans l’évolution de son travail. il nous confie « Il y a 4 ou 5 ans, si on m’avait demandé un tigre, j’aurais fait un « Tigrou » maintenant je fais un tigre, si tu regardes une photo de tigre, il n’y a jamais d’orange-carotte alors qu’avant, j’aurais foncé dans l’orange super flashy… » « … par contre, je pense que je garderai toujours ma ligne un peu new-school, mais pour ce qui est des couleurs, le néo-trad et le japonnais traditionnel m’inspirent beaucoup » « je vais tatouer avec une « Sol Nova tebori » s’amuse-t-il. Pour Léo, la ligne est très importante. « Dans le new-school, la mode est d’enlever de plus en plus de lignes et de les remplacer par des tonnes de petits dégra-dés, moi je préfère laisser les lignes, je pense que c’est plus solide dans le temps. »
Quand le tattoo lui laisse un peu de temps, Léo, fan de musique électro, mixe de la tech au sein du duo « Léo au carré » avec un autre Léo, ce qui explique le nom du groupe. On remercie Betty et Léo de nous avoir reçus et on leur souhaite une belle réussite pour leurs nombreux projets. DHK Plus d’infos sur Instagram: cameleontattoo Facebook: Léon.tatouage