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Javier Obregon

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JAVIER OBREGON

@pascalbagot

Connu pour ses impressionnants body-suit sortis tout droit d’un futur technologique digne de la science-fiction, l’Argentin Javier Obregon nous ouvre les portes de son univers créatif, assurément l’un des plus spectaculaires de la planète tattoo.

D’où viens-tu Javier ?

Je suis né à Buenos Aires en Argentine en 1980 et j’ai aujourd’hui 42 ans. J'ai découvert les tatouages en 1995 quand j’ai fait mon premier et j’en suis tombé amoureux. Mais ce n'est que plus tard, en 2000, que j'ai pu acheter ma première machine à tatouer. Je pensais que ce serait facile et qu'il s'agissait juste de copier des dessins puisque les tatoueurs avaient des dessins flash. Mais, lorsque j'ai acheté mes premiers magazines de tatouage et que j'ai découvert de vrais artistes, j'ai compris que ce n'était pas de la copie. Ces tatoueurs créaient de l'art sur la peau et ils ont changé ma façon de penser. La même année j'ai commencé à étudier l'art et les différentes écoles par lesquelles je suis passées m'ont aidé à comprendre la vision artistique.

Tu dessinais déjà ?

La première chose que j'ai étudiée, c'est le dessin technique. Je faisais des plans à l'école car j'avais étudié l'électricité quand j'étais adolescent. Quand j'ai commencé à étudier l'art, j'ai étudié dans des ateliers normaux, puis dans des ateliers avancés. J'ai étudié la bande dessinée et j'ai continué à la faculté des Beaux-Arts de Buenos Aires où j'ai appris le dessin, la peinture, la sculpture, la gravure, etc. Comme beaucoup de gens, je pensais que je dessinais bien mais je le faisais très mal. J'ai dû étudier pour apprendre à dessiner. Je crois que tout peut s'apprendre, avec du dévouement, de l'amour et des efforts.

Et le tatouage dans tout ça ?

J'ai toujours aimé le rock et la musique Heavy Metal, c'est là que j'ai vu mes idoles avec des tatouages. J'aimais l'esthétique et l'idée d'orner le corps. À l'âge de 15 ans, j'ai eu mon premier tatouage et j'étais fasciné par la réalisation et l'esthétique.

Aujourd'hui ton style biomécanique est reconnaissable, as-tu toujours été intéressé par l'organique et le mécanique ?

Depuis que je suis petit j'aime la science-fiction, dans les films et les magazines. La vision d'un futur mécanique a toujours attiré mon attention. J'aime l'esthétique, le design et l'image futuristes, mais je m'intéresse aussi au fonctionnement et aux avancées technologiques. J'aime regarder des émissions de télévision qui montrent le futur possible et ses avancées. Comme je le disais, étudier à l'adolescence dans une école technique a renforcé ma passion pour la mécanique. J'ai également étudié deux ans à la faculté d'aéronautique. Les avions sont une grande passion pour moi.

Ces body-suits demandent beaucoup de préparation ?

La création d'un body est quelque chose de très compliquée. Non seulement dans la préparation du design, mais aussi dans l'engagement du client. Souvent, le client veut quelque chose - et le veut maintenant - mais il ne comprend pas qu'il faut un processus et un temps, qui ne dépendent pas seulement du tatoueur mais aussi de la volonté de la personne qui va le porter.

Te sens-tu proche des courants de pensée qui prônent une évolution technologique de l'homme ?

Si la technologie contribue à améliorer l'évolution de l'homme, oui. Mais nous savons que cela peut être vu de différents points de vue.

Je suppose que Giger a eu une forte influence sur toi, qui d'autre ?

Bien sûr, oui, mais d'autres artistes m'ont aussi beaucoup influencé. Depuis que je suis petit, des séries comme le légendaire Mazinger, Silverhawks, Robotech, etc. Dès mon plus jeune âge, j'ai été influencé par des artistes tels que Beksinski, Starowieyski, Peter Gric, Etc.

Tu as d'autres champs d'expression artistique, notamment le style asiatique. Est-ce une façon d'expérimenter et de continuer à apprendre ?

Je tatoue depuis plus de 20 ans et je suis passé par différents styles. J'ai développé le style réaliste et surtout le style oriental. Pour moi, le style oriental est le meilleur dans les grandes compositions. Ce style s'est développé pendant des années et il est l'un des meilleurs en matière de composition et d'harmonie du corps. J'ai beaucoup copié sur le style oriental (encore plus que sur le style biomécanique) et c'est ainsi que j'ai développé le style BioArt.

La sculpture est aussi une source d'inspiration, pour le réalisme mais aussi pour le travail en volume. Est-ce un art dont tu te sens proche ?

J'ai fait de la sculpture à l'université et cela m'a vraiment fasciné, mais depuis, je n'ai plus sculpté. Je dessine par contre tous les jours et cela me rend très heureux. Je consacre du temps à la peinture et au dessin, au design libre qui me détend.

Comparé au plaisir de dessiner, quelle satisfaction retires-tu du tatouage ?

Beaucoup. J'aime créer des dessins sur les gens qu'ils le portent avec fierté et bonheur partout où ils vont. Le tatouage est une branche de l'art qui est grande et très généreuse.

Comment t’y prends-tu pour entretenir ta créativité ?

Ma vie, c'est le tatouage. Je suis un fanatique et je le vis dès mon réveil. J'aime assister aux conventions de tatouage et parler aux tatoueurs mais je préfère parler aux tatoueurs plus âgés qui ont toujours de bons conseils à donner. J'aime visiter les musées d'art et, en 2022, j'achète toujours des livres d'art ou d’effets spéciaux pour m'y référer.

Quels sont les tatoueurs que tu admires ?

J'en admire beaucoup et de styles différents, je n'en citerai que quelques-uns et j'en oublierai sûrement beaucoup : Filip Leu, Coretta, Paul Booth, Tin-tin, Luke Atkinson, Aaron Cain, Guy Aitchinson, Victor Portugal, Robert Hernandez, Kali, Fibs, Gakkin, Pablo Barada, Victor Chil, etc. + IG : @javierobregon.art www.javierobregon.com