Des bodysuits captivants aux géométries ondulantes, des lignes qui se croisent et épousent parfaitement les courbes et aspérités du corps, voilà comment on pourrait présenter le travail d'orfèvre de Nissaco. Artiste tatoueur japonais mondialement reconnu, Nissaco se concentre sur l'esthétisme du tatouage. Il mêle sur le corps de ses clients modernité et motifs traditionnels pour créer des œuvres d'art épidermiques.
Bonjour Nissaco, peux-tu te présenter ?
Je suis né et j'ai grandi ici au Japon, c'est pourquoi j'utilise l'art japonais. Je suis tatoueur depuis 2000.
Pourquoi es-tu devenu tatoueur ?
Je n'étais pas vraiment impliqué dans la scène artistique. Le tatouage m'a permis de m'y intéresser et de mieux comprendre le fonctionnement. Je voulais savoir ce que c'était d'encrer les gens. Voilà comment je suis arrivé dans le monde du tatouage.
Comment as-tu appris ?
C'est le système japonais. J'ai travaillé comme apprenti sous la direction de mon maître. Il m'a appris les bonnes manières, l'éthique et le tatouage.
Comment est accueilli ton art au Japon ?
Je ne sais vraiment pas ce que les gens pensent de mon art. Le tatouage est illégal au Japon. Je ne me soucie jamais de l'attention portée au tatouage dans ce pays. Et je pense qu'aucun tatoueur ne s'en soucie.
Quel est l'impact des restrictions actuelles de la crise sanitaire sur ton travail ?
95% de mes clients viennent de l'étranger. Les restrictions de voyage m'ont causé des dommages inattendus. J'espère que ça ira mieux bientôt.
Tu tatoues d'impressionnants bodysuits géométriques. Comment se passe le processus de création avec le client ?
Je pose quelques questions à mon client. Il doit me laisser carte blanche pour certains détails et la composition globale. Et je donne le meilleur de moi-même.
Les détails de tes compositions font parfois penser à du textile ou à une carapace. Quelle est la symbolique des motifs que tu utilises ?
Ces motifs peuvent avoir une signification et parfois ils n'en ont pas. Je ne me soucie pas particulièrement de leur signification réelle. Je ne suis pas psychologue. La seule chose qui compte pour moi c'est de savoir si le corps du client est devenu cool ou non.
Quelle est la part de tradition et la part de modernité ?
Je n'y ai jamais réfléchi ni ne m'en suis jamais soucié.
Quelles sont tes principales inspirations ?
J'aime regarder quelques vieux livres japonais pour trouver des idées. C'est très inspirant.
Est-ce que tu collabores toujours avec Gakkin ? Comment créez-vous ensemble un projet de bodysuit ?
Oui, nous avons quelques projets de collaboration qui n'ont pas encore été réalisés. Nous cherchons à créer un réel design corporel, non pas une performance où nous ne savons pas quelle partie a été tatouée par qui. De plus, le tatouage par deux personnes en même temps est un fardeau pour le corps. Il est donc nécessaire de minimiser la partie où chacun de nous tatoue pour réfléchir au processus. Il vaut mieux tatouer séparément. Par ailleurs, nous avons environ 9 000 km qui nous séparent entre le Japon et les Pays-Bas. Je suis reconnaissant aux clients de se rendre dans chacun de nos studios. J'espère pouvoir montrer notre nouvelle pièce bientôt.
Tu es désormais mondialement reconnu. As-tu davantage de clients étrangers ou japonais ?
Mon agenda est actuellement rempli sur deux ans et la plupart de mes clients viennent de l'étranger. Il y a plusieurs raisons à cela. Il est plus pratique pour les personnes qui viennent de loin de faire des projets à long terme. Alors qu'il est difficile pour les japonais de faire des réservations dans un ou deux ans. Qui sait ce qu'il se passera dans deux ans ?
Est-ce que tu t'exprimes à travers d'autres arts ?
Non, je suis tatoueur. Je peux seulement tatouer le corps du client. C'est la même chose pour un expert en photographie ou en poterie. Je n'exprime pas mes pensées. @nissaco