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Ben Banzaï

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Ben Banzaï

@pascalbagot

A 46 ans, Ben Banzai est une des plus talentueuses et fines aiguilles du style news-school espagnol. Originaire d’Alicante où il travaille dans son studio Ben Banzai Tattoo, Benjamin Macia Martinez nous raconte son parcours et le regard qu’il porte aujourd’hui sur le métier. En attendant un retour en force de son style de prédilection, quelque peu délaissé du public ces dernières années.

Le tatouage, ça commence quand pour toi?

J'ai commencé vers 1997-8, mais je l’ai pris vraiment au sérieux à partir de 2006. Dans un premier temps, j’ai passé environ 5 ans comme concepteur de tatouages et c’est le patron du studio pour lequel je travaillait qui les réalisait. Je garde le souvenir d’une époque formidable, tout était simple et fun. Il arrive cependant un moment où il faut évoluer professionnellement et à partir de 2006 j'ai commencé à vouloir tatouer mes propres dessins. Je peux dire que c'est à partir de ce moment-là que ma véritable aventure avec le tattoo a commencé, en particulier avec le new school.

Les tatoueurs du new school viennent souvent du graffiti, et toi?

Moi c’est plutôt de l'illustration, car dès mon plus jeune âge, j'ai été accro aux bandes dessinées et aux grands illustrateurs du monde du tatouage.

Quelles sont tes références dans le tattoo?

En tant qu'artiste j'admire tous ceux qui réussissent à trouver leur style et qui parviennent à le rendre immédiatement identifiable. Depuis mes débuts mes références sont Logan (Barracuda) et Chil (Victor). Je les ai toujours vus comme les Messi et Ronaldo du tatouage en couleur en Espagne. Cela ne retire pour autant aucun mérite aux autres. L'Espagne a toujours pu se vanter d'avoir de grands artistes, dans de nombreux domaines, et elle continuera à le faire. Mais oui, j'ai vécu une époque très vivante, avec une telle débauche de couleurs que tu ressemblais à un arbre de Noël. Cela m'a beaucoup marqué de voir tous ces tatouages, c'était du pur spectacle. Actuellement, il y a beaucoup de nouveaux artistes très talentueux. Timmy_B, James Tex… ils te motivent à vouloir grandir, à donner le meilleur de toi même. Ce sera peut-être difficile de les égaler mais ton niveau va s'améliorer avec les années et pour cela tu pourras les en remercier.

Les œuvres de quels artistes voit-on sur les murs de ton studio ?

Celles de beaucoup de tatoueurs que j'ai rencontrés et admirés, avec qui j'ai même eu le privilège de travailler – j’ai même tatoué certains d'entre eux. Ce sont tous de grands artistes et des gens bien. J'ai des tattoos de tatoueurs new school comme Logan Barracuda, Victor Chil, Oash, James Tex, Jamie Ris, Marcüs, Willy Martin, Teresa Sharpe, Jota, Ypso, Guindero, Kasas, Cristian Casas, Raul et bien d'autres encore.

A côté du new school tu fais aussi plus étonnamment dans le réalisme, quel plaisir y prends-tu?

Le new school souffre d’un manque de reconnaissance de l'engagement qu'il demande. Je ne parle pas seulement des heures d'exécution du tatouage mais de toutes les heures passées derrière le dessin, à travailler les expressions, les perspectives, les plans, l'éclairage et les couleurs… Ceci étant dit, la demande pour le new school n'est plus aussi forte depuis quelques temps, contrairement à celle pour le réalisme, et je dois me conformer à ce que veulent mes clients ! Je ne veux pas dire par là que je n'aime pas, mais c’est juste que je n’y retrouve pas la même satisfaction créative, le même défi de la page blanche quand il s’agit de donner forme à une créature. En fait, je ne me considère pas bon dans ce style là.

Que penses-tu du métier aujourd’hui?

Le monde du tatouage aujourd'hui, je ne sais pas… on dirait que tout tourne sur la gestion des réseaux sociaux, sur le fait de devenir un influenceur, de voyager beaucoup. J'essaie de ne pas trop penser à ce genre de mentalité parce que cela ne me convient pas. Je ne pense pas qu'être un influenceur, être célèbre soit la voie à suivre, même si cela veut dire facturer plus cher ses heures de travail. Ce que j'aime, c'est savoir qu’il est apprécié, aimé par les gens de ma profession et cette reconnaissance me dit que j'ai réussi. Je laisse les prix, la célébrité et le luxe à ceux qui les veulent.

Les nouvelles interdictions des encres de couleur, est-ce un sujet qui t’inquiète ?

Je ne sais pas très bien ce qui va se passer. La seule chose que je sais avec certitude c'est que le monde du tatouage est proche de la piraterie et que même s'ils veulent supprimer ces encres, mettre des amendes, nous continuerons à trouver un moyen de les obtenir et nous continuerons à tatouer. Je suis plus inquiet par le fait que les grandes marques arrêtent de les fabriquer. Mais j'aime penser que tout sera résolu en donnant leur part du gâteau aux états bureaucrates qui la réclament. + IG : @ben_banzai