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Oscar Hove

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Oscar Hove

@Pascalbagot

Ancien designer reconverti dans le tatouage, le tatoueur espagnol de Barcelone Oscar Hove propose depuis au studio Ondo Tattoo situé dans la capitale catalane, l’une des interprétations les plus singulières de l’iconographie japonaise. Entretien.

Le tatouage, ça commence quand pour toi?

Je suis dans le monde du tatouage depuis 10 ans, mais j'ai commencé avec mes premières peintures quand j'étais très jeune. Avant le tatouage, je travaillais dans le domaine de la conception graphique, plus précisément dans l'animation et le graphisme de mouvement.

Tu as toujours travaillé sous inspiration japonaise?

Non, c'est seulement il y a 4 ans environ, après un voyage à Tokyo, que j'ai commencé à faire des motifs orientaux. Avant cela, j'ai fait un peu de tout dans le tatouage, mais je n'ai pratiquement pas touché à la couleur. Jai toujours plutôt été dans le blackwork.

Comment s’est produite ta rencontre avec la culture japonaise?

Je pratique les arts martiaux depuis mon plus jeune âge, et le Japon a évidemment été un point de référence. L'art japonais a toujours attiré mon attention par sa propreté et sa simplicité. Je l’étais moins par le tatouage jusqu’à ce voyage au Japon que je viens d’évoquer, au cours duquel ma vision a un peu changé. J'ai alors commencé à le comprendre un peu plus, jusqu'à en tomber complètement amoureux.

Tu en proposes aujourd’hui ta propre version, à distance de cette culture étrangère.

J’utilise l’iconographie (sans vouloir offenser personne) comme un ensemble d’éléments décoratifs sans chercher à reproduire leurs propres histoires. Évidemment, je connais une partie de la culture japonaise classique et je m'informe autant que possible, mais j'essaie d'utiliser leur langage graphique pour exprimer mon propre message.

Tu partages avec la culture japonaise un goût pour le minimalisme. Faut-il y voir l’influence de ton métier de designer ?

Cela a plus à voir avec ma personnalité. Je ne suis pas très à l'aise pour faire des dessins avec une multitude de détails, j'aime les images qui peuvent être lues très rapidement. Nous pouvons répéter des images encore et encore, mais ajouter un twist les rendra toujours plus accrocheuses.

Tu évoquais dans une autre interview ton intérêt pour l’occultisme et l’ésotérisme, peux-tu nous en parler?

Qui ne se remet pas en question ? Qui ne se pose pas de questions sur ce qu'il y a ailleurs? Je pense que c'est quelque chose de très commun chez les êtres humains. Intégrer ces questions à mes outils lorsque je crée m'aide à enrichir l’intérêt de la pièce.

Tu fais référence à la technique traditionnelle japonaise de la suminagashi (qui consiste à créer des marbrures sur papier à partir de goutes d'encre versées sur un plan d'eau) pour évoquer tes portraits coulants. Quelle inspiration y as-tu trouvé?

Pour évoquer ce qu'elle est pour les Japonais, il faudrait aussi parler de leur culture, de leurs croyances, voire de leur religion, et cela prendrait beaucoup de temps. Ce que je peux vous dire, c'est que je suis un amoureux de la fluidité et du mouvement, et le suminagashi est parfait pour donner du mouvement à mon travail.

Le masque est un motif qui revient souvent, d’où vient cette fascination?

Je fais effectivement une fixation sur les masques. Enfant, j'ai eu peur en en voyant un, mais j’en suis tombé amoureux ensuite. Maintenant c'est un mélange, entre l'agitation qu'ils produisent en moi et l'amour que je leur porte. Je les trouve beaux.

Tu viens de sortir un livre intitulé « Masked », un livre de masques portant eux-mêmes des masques, fruit du temps passé en confinement. Quelle est l’histoire de ce projet ?

Tu fais des étiquettes de bouteilles de bière, des kimonos, des vêtements… Quelle importance cette variété des supports a-t-elle pour toi ?

Je le fais pour m'amuser et pour m'aérer le tatouage. Mais en fin de compte, tout s'additionne. Jouer avec d'autres formats aide à apprendre des choses qu’il est ensuite possible d’appliquer au tatouage.

Ondo Tattoo, le studio dans lequel tu travailles concentre une créativité assez impressionnante, entièrement dédiée au travail au noir. Quelle influence ont tous ces talents autour de toi?

Eh bien, que puis-je vous dire ? Tu l'as très bien dit dans la question. Il est très important d'être entouré de grands talents, non seulement pour ce que l’on peut apprendre d'eux, mais aussi parce que la saine concurrence motive à progresser. J'ai beaucoup de chance de pouvoir partager avec des artistes aussi formidables que mes collègues d'Ondo Tattoo. + Web : www.oscarhove.com IG : @oscarhove IG studio : @ondotattoo