Originaire du sud de la Russie, précisément de Rostov-on-Don, Denis «Tidan» Torikashvili a commencé sa carrière de tatoueur en 1997. C'était il y a 23 ans, quand il y avait à peine une industrie, que le tatouage étai encore vaguement accepté et que les conditions de travail étaient équitables. Tidan a connu de nombreux revers et de nouveaux départs. De son expérience à Moscou jusqu’à son déménagement à Londres, où il s’est posé chez NR Studio en 2017. Une excellente opportunité s'est présentée à lui en 2019 quand Franco Vescovi l'a invité à faire partie de la famille Bishop Rotary. Il est ainsi devenu artiste résident du Vatican Studios en Californie, aux États-Unis. Cette interview montre la montée en puissance de Tidan, son adaptation à la côte Ouest et son adaptation aux différents confinements COVID-19.
Comment cette invitation à faire partie des studios du Vatican de Franco Vescovi s’est-elle faite?
Avant de venir en Amérique, j'ai vécu et travaillé à Londres pendant deux ans où je me suis fait une clientèle incroyable. J'ai reçu de nombreuses invitations à travailler en guest, à participer à des événements aux États-Unis, mais je devais d'abord obtenir un visa de travail. Cela m'a pris six mois, et sans Franco Vescovi, je n’y serais probablement pas arrivé ici. Alors que je travaillais à Londres, j’ai rencontré James, qui est l’homme d’affaires le plus fiable de Franco. Et mon ami Dmitry Troshin (@mistertroshin) travaillait aussi avec Franco depuis trois ans; donc je savais où je devais aller. Franco m'a invité à rejoindre Vatican Studios et j'ai accepté avec plaisir.
On dirait que la famille Bishop prend bien soin de toi. Qu'est-ce que ça fait de travailler avec une Bishop personnalisée Wand?
Je suis très satisfait de cette machine à tatouer. Elle fonctionne sans à-coups, de façon silencieuse, sans vibration, et tous mes clients adorent le travail accompli avec. J'utilise une batterie sans fil qui me libère des cordons d'alimentation. Je suis allé à l'usine et j'ai vu de mes propres yeux comment Franco gère ses affaires - tous les membres de l’équipe respectent les normes les plus élevées en terme d’honnêteté et de professionnalisme, et je veux être associé à cela, faire de mon mieux pour ne pas faire décevoir l'équipe.
Avant de te faire connaître pour des tatouages réalistes en noir et gris, tu aimais faire des tatouages en couleur de dessins animés et de personnages de jeux vidéo.
Je n’étais pas entièrement satisfait de mes tatouages en couleurs car ils avaient l'air bien au début, mais certains ne me semblaient plus aussi beaux avec le temps, comme les pigments de couleur claire sur la peau foncée. Je suis mon critique le plus sévère et je ne veux pas tromper mes clients. Je me suis donc concentré sur les encres noires et grises qui offrent de meilleurs résultats. Je me suis inspiré d'anciens films et de photographies en noir et blanc. J'aime particulièrement les photos vintage (des années 70) de femmes et je veux faire quelque chose de similaire bientôt. J'ai fait des tatouages de personnages de type Bobblehead, ils ont été présentés dans des magazines et ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. Ils ont beaucoup aidé ma carrière. Même si cela ne m'a pas rapporté d'argent, c'était une excellente occasion de montrer mon travail. Je voyage toujours avec une figurine Sackboy faite à la main, c’est un peu mon talisman porte-bonheur.
Ce sont quelques-uns des meilleurs portraits de Joker que j'ai vus.
Les deux tatouages Joker ont été faits au cours de deux sessions d'une journée entière. Celui entouré de fusils, je l'ai fait en 8 heures; l'autre en 6 heures.
En raison du COVID-19, les Vatican Studios sont fermés depuis un certain temps. Qu'as-tu fait pendant ces mois-là?
Avant de fermer, j'ai acheté une voiture et payé mes impôts, ce qui m’a laissé sans économies pour traverser cette période difficile. Mais je n’ai pas laissé tomber. J'ai emprunté de l'argent à un ami, acheté des toiles et expérimenté la peinture. J'ai commencé par l'art abstrait, puis je suis passé à des aquarelles photoréalistes. Des gens se sont montrés intéressés pour les acheter, mais je ne les ai pas vendus. J'en ai offert un comme cadeau à un ami, et le reste je l’ai accroché aux murs de ma maison. En plus de cela, j'ai appris à faire du pain et d'authentiques pizzas italiennes! J'ai eu le temps de me promener dans le quartier, de voir des endroits magnifiques et passionnants autour de moi. J'ai la chance de vivre dans un endroit aussi fantastique [Lake Forest, Californie].
Parle-moi du tableau intitulé «Rita».
Il fait partie de la série d'aquarelles réalisée pendant la quarantaine. Rita est ma femme.
Votre famille s'intègre-t-elle bien en Californie?
Puisque nous sommes une «famille du tatouage», nous avons beaucoup bougé. Heureusement, nous y sommes habitués. La première fois a été la plus difficile. Grâce au soutien exceptionnel de mon ami Dmitry, nous nous adaptons à la vie californienne. Il m'a renseigné sur tout et m'a aidé pour l'hébergement. En général, j'aime cette sensation de prendre un nouveau départ; il y a toujours des défis excitants et de nouvelles aventures. La seule chose qui me manque vraiment, ce sont mes vieux amis. La technologie d'aujourd'hui nous permet de communiquer malgré la distance en temps réel, mais rien ne peut remplacer de vraies conversations autour d'un verre de vin.