Doc Price est le plus âgé des tatoueurs encore en exercice ! Il aurait 86 ans et a seulement lâché le dermographe fin 2019 après la London Tattoo Convention. Ce tatoueur iconique de Plymouth s'y est établi seul avant de voir son fils, Bill, le rejoindre. Darrel, “Doc” Price est un personnage du tatouage traditionnel européen qui aurait tatoué entre 28 à 40 hectares de peaux durant sa carrière.
Sa vie remarquable, il en parle entre deux tatouages alors que les bobines ronflent. Sa voix tremblotte avec l'âge et son trait un peu aussi, mais ses aficionados n'en ont que faire car ils auront, marqué à vie, sur la peau, un flash “made by the Doc'” ! Loin d'avoir vraiment totalement décidé de sa retraite, à 86 ans, il tatoue à Plymouth avec son fils. “Je ne sais vraiment pas parce que j'ai été dans le tatouage pendant si longtemps et j'aime vraiment rester dans le tatouage. De plus, je fabrique des dermographes.” Il fabrique des machines pour ses pairs et aimerait perpétuer cela même s'il ne tatoue plus : “Je fabrique des machines parce que d'une certaine manière, j'ai envie de fabriquer des machines à tatouer à l'échelle internationale et de les améliorer. ... La première machine n'est jamais aussi bonne qu'elle pourrait l'être, tu vois ? "
Désormais, une fois l'aiguille raccrochée, il aurait tout de même un peu plus de temps pour se consacrer à d'autres activités. Entre autre son amour pour la sculpture... érotique ! Le Doc' est un fin coquin. “Mon idée est de faire de la sculpture, une sorte de sculpture érotique. Mes sculptures ont parfois un rapport avec les fantômes ou l'érotisme, c'est inspiré par les portes anciennes et leurs heurtoirs plus ou moins richement décorés”.
Durant toute sa carrière le Doc a pu observer une évolution du tatouage naître de l'underground jusqu'aux mainstream contemporain. Doc parle des réseaux sociaux comme une grande influence des jaunes et un push sur la visibilité du tatouage de manière générale. Il confie même qu'il y a une notion d'impressionner l'autre avec ses tatouages. “Oh, maintenant c'est une explosion de talent, de compétences, une explosion de passion, maintenant c'est aussi la mode et une explosion de masculinité.”
Un tatouage qui n'a rien à voir comparé à ses débuts où, seuls les couleurs primaires étaient disponibles… Doc s'en souvient ! Son histoire et sa carrière ont déjà 70 ans dans le tatouage. Il démarre à ses 13 ans quand il se fait tatouer par un certain Billy Knight à Cardiff. Il grandit alors dans une petite ville de province dans la région de Welsh Marches à Hereford. C'est un peu plus tard, à peine qu'il encre son premier tatouage, une croix de la légion française. Ensuite, il achète pour 7 livres une machine et s'installe dans le Sud du Whales à Barry Island en 1954. “J'ai commencé à me faire tatouer à 13 ans, c'était assez inhabituel à l'époque, on ne pouvait pas se faire tatouer à cet âge, c'est comme ça que j'ai eu mon premier tatouage. Ensuite, j'ai eu mon deuxième tatouage par le même tatoueur avec qui j'avais eu mon premier tatouage. J'étais un soldat mais j'étais le pire soldat qu'ils aient jamais eu ! Ils m'ont dit ça et j'ai dit super, alors virez-moi ! ... Je me suis fait virer et j'ai commencé à tatouer ! ".
En 1966, il perd toutes ses affaires et son équipement de tatouage quand le bateau ramenant ses affaires en Afrique du Sud, sombre en mer. Ensuite, en 1967 il ouvre un salon appelé The bucket of Blood dans la périphérie de Sydney. À Sydney d'ailleurs, il rencontre le propriétaire de The Illustrated Man Tattoo Studio, un des plus anciens de Sydney tenu par Tony Cohen. Un pionnier du tatouage australien. Doc Price prend le temps aussi de partir étudier le tatouage japonais au Japon avec le maître Caso Orgori. Il conçoit que le milieu du tatouage de l'époque jusqu'à maintenant est un milieu qui reste assez plutôt dur où il faut jouer des coudes.”
Finalement, Doc Price tout au long de sa carrière, a voyagé et tatoué partout dans le monde : “J'ai tatoué en Afrique du Sud, en Thaïlande, en Allemagne... même à mes débuts, lorsque j'étais à Berlin en 1962, en tant que soldat, je tatouais. J'ai eu mon deuxième tatouage en tant que soldat et j'ai eu l'occasion de très bien dessiner, c'est comme ça que tout a commencé pour moi.” D'ailleurs, Doc Price a plus d'un tour dans la manche puisqu'il représente l'Australie au Kendo Championships en 1969. Il pratique alors l'Aïkido, le judo et à 75 remportera un prix au Kendo World Championship dans son groupe d'âge.
Finalement, le tatouage c'est toute sa vie même s'il avoue ne jamais avoir compté ceux qu'il arbore. D'ailleurs, il refusera de tatouer son fils Bill jusqu'à sa majorité. “Toute ma vie, mon fils et moi avons travaillé quotidiennement ensemble et ce, pendant plus de 50 ans. Mon fils a piqué son premier tatouage à l'âge de 8 ans.” Mais une des demandes les plus incongrues qu'il ait eue à réaliser, est sûrement celle d'un homme se faisant tatouer son testament sur le dos. Doc raconte dans un article de Tattoo Life, qu'il ne le préviendra pas des fautes d'orthographe qui s'y étaient glissées. À Londres, à la London Tattoo Convention de 2019, Doc Price a encré toute la journée un grand nombre de petits flashs traditionnels américain. Un bel exercice, puisqu'il ne se focalisera plus ensuite que sur des rafraîchissements de tatouages déjà réalisés. Une dernière chance de se faire tatouer par cette légende. L'engouement autour de la Star de l'évènement. https://www.docpricetattooingplymouth.co.uk/