C’est à une trentaine de kilomètres de Berlin qu’on retrouve Markus Lenhard, tatoueur de renommée internationale et réputé pour son travail en bio-mécanique et bio-organic. Nous profitons de la troisième et dernière séance d’un superbe tattoo qu’il réalise sur les côtes d’Elvin (alias Sid L-Boy) pour le rencontrer. Il nous reçoit chez lui dans son pavillon à la campagne situé à l’entrée d’une forêt, pas étonnant pour ce passionné de nature et de VTT.
Après un bon café, nous descendons dans son atelier privé installé au sous sol. Une grande pièce tranquille, bien équipée avec toute la technologie au pouvoir du tattoo, ordinateur, tablette graphique, imprimante et librairie, tout ce qu’il faut pour produire des tatouages de qualités. De nombreux cadres et illustrations ornent les murs ainsi que des insectes naturalisés. L’endroit est calme et avenant. le choix de Markus d’exercer dans un atelier privé lui permet de travailler sans être interrompu, sans passage et client à renseigner qui fractionnent les séances, pas d’équipe à gérer, autant de temps gagné pour s’occuper de son client et du tattoo à faire. Sa clientèle connait son travail et prend rendez-vous par internet. Il ne voit donc aucun intérêt à travailler dans une boutique ou dans le centre de Berlin. Il réalise souvent de grosses pièces sur plusieurs jours consécutifs et, son atelier équipé d’une télé géante et d’une hifi de qualité ainsi que de tout le confort nécessaire à un studio de tattoo, semble être plus pratique pour recevoir et élaborer les motifs et les tatouages avec ses clients dans un climat de confiance.
Markus a toujours voulu être tatoueur, il ne se voyait pas faire autre chose qu’un métier artistique et le tatouage l’a tout de suite séduit. Il commence sa carrière à Berlin en 2003, dans un premier shop où il commence par preparer les dessins puis se met à piquer. Autodidacte, il observe les autres tatoueurs sur les conventions. Il apprend aussi beaucoup en se faisant tatouer par de bons artistes, en autre Guy Aitchison, qui le conseillera pendant les sessions de son bras. Guy Aitchison, grand maître du tatouage bio-mécanique est réputé pour sa pédagogie, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les techniques du tattoo (Les deux artistes s’apprécient et ils leurs arrivent de collaborer sur des projets).
Markus bosse à droite à gauche puis part s’installer à Rotterdam pendant presque 7ans. Passionné par les films et la littérature de science fiction, fan de Giger et du premier opus d’alien, il affectionne rapidement le style bio-mécanique et se forge une jolie réputation dans ce domaine. De retour près de Berlin, avec maintenant une solide expérience de son art, il ouvre son atelier privé dans lequel il nous reçoit aujourd’hui .
Dans ses autres intérêts , on retrouve la photographie, il la pratique souvent pour capter des textures ou des mouvements dans la nature, pour ensuite s’en inspirer dans ses oeuvres. Rien de mieux qu’un objectif macro pour découvrir des matières que nos yeux ont du mal à discerner. C’est sans doute pour ça qu’il apprécie aussi le travail de Karl Blossfeldt, photographe allemand qui oeuvrait au début du 20e siècle. Découvrez son travail et les liens avec les formes et les textures utilisées dans les tattoos bio-méca ou orga vont vous sauter aux yeux. (google est ton ami !)
Alfons Mucha, illustrateur du début 20e siècle, est aussi une inspiration pour lui , Mucha sait représenter la nature de façon simple, son dessin est efficace avec une ligne nette gardant juste le nécessaire, comme dans le style japonais du tatouage, compare Markus. Ce style d’ailleurs l’attire particulièrement , les artistes Japonais ont su capter la nature et les éléments comme personne, juste les lignes nécessaires, une simplification et une justesse poussée à son extrême tout en gardant l’élégance et les valeurs esthétiques. Les règles du style japonais peuvent être utilisées dans d’autres genres, comme dans la bio-mécanique où les mouvements des éléments et les formes générales sont très importants. Markus aimerait tatouer plus souvent des pièces d’inspiration japonaise, mais ses demandes restent principalement autour de la bio-méca, conclue-t-il.
En parlant de son style (la biomécanique) Markus s’amuse a nous dire qu’il n’est pas trop fashion et qu’il s’adresse a un public averti, il explique que tout le monde peut comprendre une fleur ou un oiseau mais que la bio-meca (art plus abstrait) n’est pas forcément accessible à tous, comme dans la musique, on peut tous écouter de la variété ou de la pop , mais qu’il faut être un peu initié pour comprendre le Jazz. C’est plus facile d’avoir de l’attention quand tu fais des letterings ou des portraits qu’avec des tattoos plus abstraits. Comme pour un bon whisky ou un bon vin, il faut éduquer son palais.
On termine notre entretien sur le sujet des séminaires qui sont de plus en plus nombreux, Markus nous confie qu’ils existent depuis bien longtemps aux états-unis mais depuis peu en Europe , il continue en nous expliquant qu’il serait intéressant d’institutionnalisé les séminaires ou de créer des formations avec un diplôme confirmant les connaissances des tatoueurs , il y a de plus en plus d’artistes et c’est difficile pour un client de choisir un salon sérieux, les diplômes permettraient de faire un certain tri. Markus prépare un séminaire qu’il va présenter durant des conventions, et n’exclut pas d’enseigner le tatouage par la suite , le fait qu’il soit autodidacte l’a forcé à comprendre par lui-même les règles du tatouage en décortiquant tous les sujets, ce qui lui permet de les expliquer facilement.
On remercie Markus de nous avoir reçu et régalez-vous de son travail. www.lux altera.com instagram: luxaltera facebook: Markus Lenhard Article DHK Merci à James C. pour la traduction.