Inkers MAGAZINE - Jamie and Ronny Ris,Dogstar tattoo

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Jamie and Ronny Ris,Dogstar tattoo

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Jamie et Ronny Ris, Dogstar tattoos,

une Histoire de famille

A une vingtaine de kilomètres d’Amsterdam, à Aalsmeer ,on retrouve Ronny Ris (le père), Jamie (le fils), Manuela (la mère) et Dana (la Fille). Ambiance agréable autour d’un bon café et ponctuée de nombreuses farces pour l’interview qui suit.

Ronny, le patriarche, a fait des études dans le graphisme et passe quelques années dans une agence de pub à faire des illustrations et des story-boards. Lassé, il plaque tout, se met à la sculpture et à la peinture. C’est à cette époque qu’il commence à faire des dessins pour des tattoos que lui et ses potes se font encrer. Le tatoueur, Rob Deut qui pratique le tattoo ethnique, tribal et polynésien dans son shop « Seven seas » remarque son travail et le motive à tatouer. On est en 1996, il y a plus vingt ans: l’aventure du tattoo commence pour Ronny. Il tatoue les premiers temps dans son atelier privé sur Amsterdam. S’installe à Aalsmeer. Usé par les aller-retours entre la banlieue et Amsterdam, il décide d’ouvrir son premier shop en 1999 à Aalsmeer, un tout petit local de 18 m2. Après deux déménagements le local est toujours dans la même rue mais il fait 100m2.

Manuela, son épouse l’aide à tenir le shop, elle fait le management, soude les aiguilles et reçoit les clients. Elle a aussi une sensibilité artistique, elle se met à tatouer pendant quatre ou cinq ans mais une opération du poignet stoppera sa carrière. Elle continue à aider au shop, fait les piercings. Par ailleurs elle s’occupe de leurs trois enfants. A l’arrivée du quatrième chérubin, Cody, les deux activités se compliquent. Ronny ayant besoin de quelqu’un, demande à Jamie qui a seize ans et qui ne brille pas par ses prouesses scolaires de le rejoindre pour remplacer sa mère.

Jamie tatouera pour la première fois à dix ans, son père. Pendant son enfance, il habite à Amsterdam et admire les graffitis qu’il voit passer sur les trains et s’intéresse rapidement à cet art plus qu’au tatouage. Vers treize ans, il commence à bomber tout ce qu’il peut, il rejoint un crew dont nous tairons le nom, par prudence, pour ne pas voir débouler les flics chez Dogstar. De 16 à 20 ans, il aide son père au shop, commence à faire des dessins pour les clients sans vraiment s’investir dans le tattoo. Un des habitués de la boutique, lui demande « Puisque tu m’as fait le dessin, tu ne voudrais pas me le tatouer? » . Jamie passe des crayons à la machine. Vers 23/24 ans, il s’intéresse vraiment au tattoo, avec l’arrivée des réseaux sociaux. Il découvre sur « Myspace » le travail de Bez du studio « 666 » en Angleterre et d’autres artistes du monde entier. « Ca n’a pas vraiment été une inspiration, c’est plus leur technique qui a été un déclic » nous raconte-t-il. Avec le tattoo, Jamie délaisse le graffiti que du coup il pratique peu par manque de temps.

Son père est son mentor: il lui apprend le tattoo, lui fait découvrir de nombreux artistes du tatouage mais surtout de bandes dessinées et de la sculpture. Jamie recherche le plus souvent l’inspiration dans d’autres arts que le tatouage. « Dans le « newschool », tous les artistes se connaissent entre eux. Ils sont tous connectés et donc s’inspirent les uns des autres mais parfois quand tu regardes une autre forme d’art, tu trouves de nouvelles idées » nous confie-t-il. Le graffiti est une de ses influences. Il admire le travail Bom.K, Daim, Kram, Seak en autres. Pour l’art digital, il apprécie les travaux de Jorge Sefy et Ryan Woods. Parmi les tatoueurs, il suit les travaux de Timmy B., Victor Chil, Logan Barracuda, Tanane Whitfield, Kelly Doty, Tony Ciavarro et de nombreux autres. Son style, quand même plus influencé par son humour et son imagination débordante a une vraie originalité.

La dynastie Ris ne s’arrête pas là. Dana, la fille de Manuela et de Ronny a pris la place de Jamie à l’accueil du shop et comme toute la famille, elle tatoue. Dana a été récompensée lors d’une convention ne regroupant que des tatoueuses pour un caméléon cartoon sur la jambe de Jamie. Un début de carrière prometteur. Cody le petit dernier a déjà tatoué son frère Jamie à l’âge de cinq ans et son père en convention l’année suivante, la lignée continue.

Quand on interroge Ronny sur l’évolution du tatouage ses vingt dernières années et il nous répond : - « Les gens sont plus au courant de ce qui est possible, qu’il y a plein de différents styles, du coup les tatoueurs peuvent se spécialiser dans un style particulier, se concentrer sur ce qu’ils ont dans le coeur en tant qu’artiste. A l’époque on devait toucher à tout pour travailler tous les jours, on n’avait pas le choix. Ce qui est plus intéressant aussi c’est que les clients viennent pour des projets plus élaborés et aussi plus grands. Ce qu’on a perdu, c’est que tout le monde entre dans un shop facilement comme dans n’importe quelle boutique, il n’y a plus de barrière. Avant il fallait avoir des couilles pour rentrer dans un salon de tatouage, l’ambiance était dark et mystérieuse. Maintenant c’est tellement ouvert. On a perdu un peu de la magie qui avait autour. »

Une équipe I-tech : tous les tatoueurs de « Dogstar » dessinent sur tablette numérique, nous évoquons avec eux les progrès technologiques qui facilitent le tatouage. Ronny nous explique qu’avant il avait un atelier rempli de matos, aérographe, compresseur, crayons, peintures, pinceaux, chevalets etc etc. Il a tout balancé et maintenant son atelier tient dans sa sacoche. « J’aime l’ère du digital, ça a fait évoluer la créativité, il faut vivre avec son temps. C’est tellement plus pratique. » nous raconte-t-il. « Celui qui suit le progrès évolue plus vite » dit-il en essayant de nous traduire une citation hollandaise. Jamie reprend : « C’est comme si on te demandait d’apprendre à tatouer avec des machines à bobines plutôt que des cheyennes ou des inkjectas ou de souder tes aiguilles maintenant. A quoi ça sert, on va plus vite avec le matériel actuel. La tablette c’est un peu la même chose. L’objectif est de créer ce que tu as en tête, si les inkjectas, les cartouches ou l’Ipad te facilitent le chemin, pourquoi ne pas les utiliser? …Le plus important c’est de faire évoluer ton art, c’est le résultat final qui compte. Les gens qui veulent une peinture ou un tatouage se foutent de la façon dont tu y es arrivé, ce qui les intéresse c’est le résultat. » Ronny raconte encore : « C’est pas si grave, de toute façon il faut savoir dessiner, c’est quand même pas une technologie si évoluée avec une commande vocale à qui tu dis « dessine-moi une grenouille avec une couronne » et le lendemain c’est fait. » Il faut aussi reconnaître que c’est une technologie qui ouvre d’autres horizons, la possibilité de faire des collaborations avec des artistes qui habitent à l’autre bout de la planète. Par exemple Jamie a réalisé deux illustrations avec pro create sur iPad pro avec son ami Tony Ciavarro qui, lui, réside à Kingston dans le Massachusetts, ça fait quelques kilomètres entre la Hollande et les USA. Bien sur l’arrivée de la tablette n’empêche pas les artistes de « Dogstar » de travailler sur d’autres supports , aller sur leurs pages FB ou ING et vous pourrez admirer de nombreuses illustrations faites a l’acrylique aux feutres ou autres médias.

Le style cartoon, très coloré et les grandes qualités techniques de Jamie Ris lui ont permis de participer à des conventions partout sur la planète et il y a fait de nombreuses rencontres et noué des amitiés qui lui rendent visite à Aalsmeer. « Dogstar tattoo » en plus d’avoir de très bons tatoueurs dans ses murs a la chance d’accueillir en guest des artistes de renommée internationale comme Timmy B., Kelly Doty, Teresa Sharpe, Leo Valverde , Nathan Evans etc etc.

On peut aussi admirer chez « Dogstar tattoo » les travaux de deux artistes qui partagent les locaux avec la famille Ris. Bas a rejoint l’équipe en 2013, spécialisé dans un premier temps dans les letterings, il réalise maintenant beaucoup de pièces réalistes. Il y a aussi Robert présent depuis 2015 qui lui pratique des tatouages ornementaux, graphiques et dotworks.

Pour conclure , on peut annoncer la prochaine sortie du premier livre de Jamie, printemps 2017, regroupant illustrations, croquis et peintures. merci à toute l’équipe de « Dogstar tattoo » pour ces deux superbes journées passées en leur compagnie. A bientôt! Report by DHK, James C., Sid L-Boy