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INTERVIEW KEVIN BOUDREAU

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INTERVIEW KEVIN BOUDREAU

@pascalbagot

À 38 ans, Kevin Boudreau, artiste pluridisciplinaire du Connecticut, a grandi entouré d’art. C’est au début des années 2000, avec la découverte du graffiti, que son parcours créatif prend un tournant. Depuis 2004, il se consacre au tatouage, adoptant un style new school qui continue d’être nourri par ses premières inspirations graphiques et l’énergie du street art.

Salut Kevin, tu nous parles un peu de toi s’il te plaît ?

J’ai 38 ans et je suis tatoueur, graffeur, peintre ainsi que muraliste. Je vis dans le Connecticut, aux États-Unis, où j’ai grandi entouré de bandes dessinées et d’illustrations tirées des albums qui sortaient à la fin des années 90, début des années 2000. Mon oncle était un peintre à l'huile phénoménal et créait de magnifiques répliques de Norman Rockwell - entre autres artistes célèbres. Avec le recul, je trouve formidable d’avoir été exposé à toutes ces formes d'art. Puis, au début des années 2000, ma vie a été bouleversée lorsque j'ai découvert le graffiti.

Comment se passent ces premières années dans le milieu ?

J'ai commencé à pratiquer en 2006 et je m’y suis entièrement consacré. Je peignais des murs partout où je pouvais en trouver, dès que j'en avais l'occasion. C’était illégal la plupart du temps puis, finalement, certaines entreprises ont vu mon travail et ont commencé à me demander de peindre leurs murs. Je continue, aujourd'hui encore, de le faire tout en explorant occasionnellement des endroits où je n'ai pas l'autorisation de peindre.

As-tu étudié l'art ?

J'ai toujours dessiné et étudié l'art par moi-même. J'ai fini par aller à l'université pour obtenir un diplôme d'associé en beaux-arts. Cependant, j'ai beaucoup plus appris en pratiquant le graffiti et, par la suite, le tatouage.

Justement, comment s’est faite la transition artistique des murs aux corps ?

Je me suis fait tatouer pour la première fois en 2004 et j’ai immédiatement été accro. Je retournais tous les deux mois ajouter de nouveaux tatouages. J'étais alors aussi jeune que stupide et depuis je me suis fait nettoyé mes deux bras au laser avant de les retatouer ensuite. À l’époque cependant, beaucoup de gens m'ont suggéré de me lancer dans ce milieu. Ainsi, à l’occasion d'une de mes séances, j'ai demandé au tatoueur - devenu entre temps un ami - s'il me laisserait essayer de me tatouer moi-même. Il a accepté et je me suis fait un petit cœur avec « maman » inscrit dedans, sur ma cheville. Cela m'a semblé si naturel que j'ai immédiatement su quelle voie je voulais emprunter. En 2008, je suis devenue apprenti et j'ai commencé à tatouer à plein temps en 2009.

As-tu toujours fait du New school ?

Quand j'ai commencé j'ai pris ce qui me passait sous la main. J'ai toujours dessiné un peu plus de New school mais à partir de 2013, c’est vraiment devenu mon principal centre d'intérêt. Occasionnellement, j’aime toujours prendre des projets de réalisme en couleur.

Tes tatouages se distinguent justement par leurs couleurs très vives, vois-tu cela comme un héritage du graffiti ?

Tout à fait. Le graffiti t’oblige à choisir des couleurs qui captent l'attention. Il y a généralement une couleur de remplissage, une de contour et la couleur de fond, quelle qu'elle soit. J'essaie d'appliquer une théorie similaire à mon travail de tatouage.

De quelle autre manière le graffiti inspire-t-il tes tatouages ?

J'ai l'impression que la fluidité des lignes et les courbes des lettres que j'ai répétées au fil des années ont contribué à la forme de mes personnages. Un personnage plat et immobile n'est pas aussi excitant qu'un personnage avec des courbes et en mouvement. C'est amusant de jouer avec des angles exagérés, un peu comme dans les graffitis.

Inversement, qu’as-tu emprunté à la culture du tatouage pour le transposer au graffiti ?

Je pense que mes compositions se sont améliorées parce que je les pratiquais quotidiennement dans mes tatouages, qui obligent à réfléchir aussi en fonction du placement sur le corps.

Beaucoup de graffeurs aiment utiliser le lettrage. Est-ce quelque chose que tu as essayé en tatouage ?

J'ai ajouté des lettres de style graffiti derrière certaines de mes œuvres, mais je veux toujours que le personnage soit le point central de la composition. Je suis un grand fan de l'expression « une image dit mille mots ». J'aime qu'il y ait une petite histoire derrière chaque pièce que je crée.

Parmi les thèmes que l'on retrouve il y a les dessins animés, mais aussi la culture pop en général. Films, jeux vidéo, anime, etc., quels liens entretiens-tu avec eux ?

J'aime créer mes propres personnages, mais c'est toujours amusant de tatouer ma version de ceux que j’emprunte à la culture pop et aux jeux vidéo. C'est particulièrement excitant lorsque quelqu'un m’en demande un avec lequel j'ai grandi et auquel je peux m'identifier. À mon avis, les personnages de la fin des années 80 et des années 90 sont parmi les meilleurs.

Quel moteur te pousse à te surpasser ? Les demandes de tes clients ?

J’ai choisi une carrière dans l'art parce que je veux constamment créer. Le travail des autres est un sérieux moteur, par exemple lorsque je suis impressionné par le travail de certains artistes. Je veux apprendre de chaque pièce et continuer à essayer de la rendre meilleure que la précédente.

Tu as des secrets secrets pour entretenir ta créativité ?

J'essaie de rester constamment inspiré. La clé, en ce qui me concerne, consiste à reconnaître ce vers quoi je suis naturellement attiré et à l'incorporer dans mon travail artistique. Si le sujet ne m’intéresse pas, il y a de fortes chances que je ne sois pas satisfait du résultat final.

Quels sont tes projets pour 2025 ?

Je veux me concentrer un peu plus sur mes œuvres d'art en studio. J'ai récemment beaucoup peint à l'acrylique et je pense qu'il est temps de contacter des galeries, ou de voir où mes toiles me mènent. Je peindrai certainement plus de graffitis lorsque le temps sera meilleur. + IG : @kevinboudreau_ https://www.kbooart.com/