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Kroco

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INTERVIEW KROCO

@pascalbagot

Arrivé dans le tattoo par hasard - il aime à parler de destin - Kroco s’est au fil du temps spécialisé dans la culture Chicano, le réalisme et la typographie. Des styles dans lesquels le tatoueur parisien de Seine et Marne montre un indéniable talent. Il lui valait récemment d’être sélectionné par les créateurs de la nouvelle émission télé consacrée au tattoo : Le Meilleur Tatoueur. Dans cette version française d’nk Master, Kroco est en compétition avec d’autres candidats et soumis aux votes du jury composé des figures du milieu Dimitri HK et Mickaël de Poissy. Une première saison à découvrir bientôt sur la chaîne RMC Story.

Salut Kroco, tu nous racontes comment tu viens au tattoo stp ?

Il faudrait plutôt dire que c’est lui qui est venu à moi ! (Rires). Je suis rentré dans ce milieu un peu par hasard, même si finalement je ne pense pas que cela en soit vraiment un. Car, je crois au destin. En 2013, je fais la rencontre d’un tatoueur qui cherchait un dessinateur. Il voulait proposer des projets plus élaborés et plus personnels. Jusque là, je n’aurais jamais imaginé devenir tatoueur. Les événements se sont enchaînés et je me suis retrouvé à ouvrir un shop avec lui. Je m’occupais des créations, mais aussi de l’accueil, de la préparation du stencil, etc., mais je ressentais une frustration. Car c’est lui qui tatouait MES créations. J’ai alors eu un déclic et je me dit que je pourrais moi aussi le faire. Je lui ai demandé de mes prêter un peu de matos et j’ai commencé à m’entraîner chez moi sur mon corps et des peaux de cochon.

Quels ont été tes résultats ?

En tout humilité, après trois mois d’entraînement, je faisais presque mieux que lui en trois ans de métier (rires). Je me suis dis qu’il y avait quelque chose à faire. Après six mois, je me suis rendu compte que je devais voler de mes propres ailes et j’ai entrepris quelques travaux dans mon garage pour en faire une salle spécial Tattoo. J’ai fait mes armes seul, dans 4m2, pendant un peu plus d’un an. Sans aucune pub, simplement grâce au bouche à oreille, je me suis retrouvé débordé de travail, avec des projets de plus en plus forts. Émotionnellement mais aussi artistiquement. En 2015, je décide finalement d’ouvrir mon studio privé, pas loin de chez moi, dans ma petite campagne de Seine et Marne. Et dix ans plus tard, je suis ici à répondre à cet interview (rires).

Le dessin c’est quelque chose que tu pratiquais depuis longtemps ?

Oui, je dessine depuis tout petit. À vrai dire j’ai l’impression d’être né avec un crayon dans la main !

Quelle est ta culture graphique ?

Les BD de super héros Marvel et l’humour décalé de Gotlib (dessinateur français, fondateur du magazine Fluide Glacial) m’ont inspiré. Il y a ensuite la culture hip hop, qui est devenue une véritable passion avec la musique et le graffiti.

Comment choisis-tu de t’orienter vers le chicano et le réalisme ?

La culture Chicano m’as toujours fasciné ! L’art y est très présent : les fresques murales ; les paños (mouchoirs de poches griffonnés de dessins fait par les détenus mexicains à destination de leurs proches) ; les peintures sur les low riders ; leur code vestimentaire et le tattoo bien sûr. Tout jeune je suis tombé sur le film « Les Princes de la Ville » ( « Blood in, Blood out » de Taylor Hackford, 1993). J’en ai pris plein la tête et plein les yeux. C’est finalement logique que je me sois spécialisé dans le Chicano. Malheureusement, je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller l’apprécier de mes propres yeux.

Comment se passe le choix de la typo quand tu travailles sur une pièce ?

Il se fait en fonction de l’émotion que je ressens, selon mon client ou le thème du tattoo.

En terme de réalisme, tu fais beaucoup de portraits. Qu’est-ce qui fait un portrait réussi selon toi ?

C’est quand l’émotion ressort de la photo qui a servi de modèle. C’est toutefois très complexe et je ne m’autorise pas toujours à faire une interprétation. L’objectif est plutôt d’être aussi fidèle que possible au modèle. Un ombrage trop foncé ou décalé de 1mm par exemple peut complètement rater le visage et défigurer la personne. L’expression du regard est très importante.

Le portrait sert à porter avec soi des personnes qui nous sont chères mais aussi à se souvenir de celles qui sont parties. Comment gères-tu cet aspect émotionnel ?

Ce genre de projet me touche beaucoup car j’ai moi même perdus trop tôt mes parents que j’ai gravés dans ma peau. Je suis donc bien placé pour comprendre ce besoin quand mes clients me demandent le portrait de leurs proches. C’est à chaque fois un honneur pour moi. Un grand merci à eux pour leur confiance.

Quels sont les maîtres dans le genre que tu regardes ?

Je dirais David Vega (@david_vega83), Samuel (@samtattoos7), et Miguel Natan (@miguelnatantattoo), mais surtout depuis quelques années Kindamo (@_kindamo_) pour son univers et sa technique.

Tu as récemment participé à l’émission de télévision « Le Meilleur Tatoueur » dont la diffusion commence sur RMC Story, tu nous en parles ?

C’est à peu près le même concept que Ink Master (émission américaine de téléréalité), mais avec des variantes. C’est émission quotidienne sera diffusée pendant presque deux mois et toutes les semaines, quatre tatoueurs différents s’affrontent sur des épreuves tattoo avec des thèmes imposés.

Comment cela s’est passé pour toi ?

C’était une très belle expérience de pouvoir participer à cette émission, la première de ce style en France. Je fais déjà beaucoup de conventions et j’ai déjà l’esprit de compétition (rires). Mais les caméras ajoutent une pression supplémentaire. Et puis, être jugé par des grand noms du tattoos comme Dimitri HK ou Mickaël de Poissy, c’est vraiment un privilège. Ils ont été vraiment bienveillants et je n’ai eu que des retours positifs sur mon travail. Cela fait tellement plaisir. + @krocogarcia_tattoo