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INTERVIEW BUGS

@pascalbagot

Figure du tatouage français, Bugs est un des premiers professionnels dans les années 1980 à introduire des concepts artistiques issus de la peinture dans ses oeuvres sur peau, du mouvement cubiste en particulier. Grâce à des pionniers tels que lui, ces idées avant-gardistes ont aidé le médium à s’émanciper des styles traditionnels et lui permettre progressivement de devenir le vaste champs d’expression artistique qu’il est devenu aujourd’hui. Exilé aux États-Unis, Bugs nous donne quelques nouvelles de sa recherche d’originalité qu’il poursuit entre tatouage, peinture et sculpture.

En 1998 tu faisais la couverture de Tatouage Magazine, en vrai pionnier, exilé en Grande-Bretagne. En 2023, tu es toujours là. Comment regardes-tu le chemin parcouru ?

Jusqu’ici cela a été une aventure exceptionnelle, le tatouage m’a apporté beaucoup de satisfactions.

Comment expliques-tu cette longévité dans le métier ?

La longévité est dûs à une persévérance à vouloir faire quelques choses de différent et présenter une qualité constante. Je n’ai jamais arrêté de progresser et d’étudier de nouvelles options dans ma créativité.

Quels mots te viennent à l'esprit pour la décrire ?

Avant-gardiste.

Tu habites maintenant aux États-Unis, que t’a apporté cette expatriation ?

Mon objectif était de me consacrer plus à mon Art et c’est pour cela que j’ai décidé de changer d’environnement, de repartir à zéro. Les USA étaient une nouvelle opportunité de mon réaliser ce dont j’ai toujours rêvé.

Tu peins beaucoup, comment se répartit ton temps entre le tatouage et la peinture ?

Je continue à tatouer modérément et consacre plutôt mon temps à sculpter et peindre.

Les deux s’inspirent mutuellement ou ces deux disciplines fonctionnent de manière autonomes ?

Les deux s’inspirent mutuellement ou ces deux disciplines fonctionnent de manière autonomes ?

Quel regard portes-tu sur le monde du tatouage aujourd’hui et l'explosion de sa démocratisation ?

J’en pense que j’ai eu de la chance de m’y être impliqué à la bonne époque. Les meilleures années sont définitivement derrière, je n’ai malheureusement pas une image très positive de ce que le tatouage sera dans le futur.

À l'époque il me semble que c’était un cheval de bataille pour toi : le tatouage est-il plus que jamais un art ?

Le tatouage est un Art à part à entière, et je pense avoir participé à l’innovation d’un certain style en introduisant le cubisme.

Quand tu as commencé tu apportais un style, ton identité artistique et ton parcours dans ce milieu encore très traditionnel. Quel regard portes-tu sur la production créative actuelle et son originalité ?

J’avoue qu’il y a des choses très intéressantes, particulièrement dans les pays de l’Europe d’ouest.

Tu nous rappelles un peu comment s'est développé ton style ? Il me semble que se trouve dans tes références les sculptures de Mayol, la couleur de Gauguin, l’abstrait de Picasso, le tracé cubique, mais aussi Lolita Lempicka ?

Mes influences sont diverses. J’explore et j’utilise toutes les sources nécessaire pour développer mon propres style. Le cubisme a toujours été mon mouvement favori, je le révise à ma façon et essaye d’y apporter une touche personnelle.

La recherche de la nouveauté a longtemps guidé ton art. Quelle est la place de cette quête aujourd’hui dans ton travail ?

A l’occasion, j’improvise d’autres styles comme l’aquarelle mais toujours basé sur l’idée d’une peinture.

Le studio Evil from to the Needle a fermé récemment. Quels sentiments as-tu ressentis à l'annonce de cette fermeture ?

“Evil From the Needle “ a été créé en 1986. Je l’ai vu grandir et se développer. J’y ai consacré vingt années de ma vie et je ressens de profonds regrets de le voir partir.

Tu t’es fait tatouer par Allan de Marseille et Marcel à Paris, tu nous racontes ces épisodes avec deux personnages de l’histoire du tatouage en France?

J’ai eu la chance de me faire tatouer par deux piliers du tatouage français et je n’oublierais jamais mes séances avec Marcel pendant lesquelles il faisait fréquemment des breaks pour fumer une cigarette et courir au troquet du coin miser sur les bourrins. + IG : @bugsartwork www.bugsartwork.com