Inkers MAGAZINE - Denis Bedrinsky

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Denis Bedrinsky

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INTERVIEW DENIS BEDRINSKY

@pascalbagot

Le tatoueur russe Denis Bedrinsky évoque pour Inkers son approche gothique et romantique du style néo-traditionnel développée dans sa ville de Saint Pétersbourg.

Tatouage ou dessin, lequel vient en premier dans ton parcours Denis?

Le dessin bien sûr. Surtout si, comme moi, tu es un tatoueur qui dessine lui-même ses motifs. Le dessin devrait être la base d'un tatouage, et il n'a pas de limites, contrairement au tatouage.

Tu nous parles des univers graphiques avec lesquels tu grandis ?

Pour être honnête, mon inspiration vient de l'endroit où je vis : la ville de Saint-Pétersbourg. Elle est très grise, un peu lugubre et possède beaucoup d'architecture gothique. Je pense que cette esthétique m’inspire.

Comment viens-tu au tatouage ?

Quand j’étais plus jeune - je n’habitais pas encore Saint Pétersbourg - j’ai voulu me faire tatouer mais je n'avais pas d'argent et il n'y avait pas de tatoueurs dans ma ville. J'ai alors décidé d'apprendre et de faire moi-même ce tatouage que je voulais. Puis je me suis fait des amis dans ce milieu et j'ai finalement déménagé à Saint-Pétersbourg.

C’est là que tu te dis que tu vas en faire ton métier ?

Oui, j’ai trouvé une place dans un studio mais cela n’était pas suffisant. Comme il fallait bien payer les factures, j’ai eu le choix : trouver un travail supplémentaire ou m’investir totalement dans ma carrière. J'ai choisi la deuxième option et je ne l'ai pas regretté, malgré les difficultés.

Comment viens-tu au néo-traditionnel ?

Je fais du tatouage graphique, du japonais, du style old school depuis de nombreuses années. Je fais aussi du graffiti mais je suis venu au néo-trad par accident, car tout le monde en faisait dans le studio où j’ai commencé. J'ai vu ce style et j'en suis immédiatement tombé amoureux.

Pourquoi te spécialiser dans le noir et gris ?

J'ai toujours été attiré par les nuances de noir et de gris dans le dessin et le tatouage. Parfois, je pense que je vois le monde en noir et blanc (je plaisante). J'ai fait beaucoup d'art graphique (et de tatouages noirs). Quand j'ai décidé de faire du néo-trad, j'ai tout de suite voulu le faire en noir. Pas comme tout le monde.

Fleurs, femmes, serpents… Tu reprends et modernises l’iconographie traditionnelle du style old-school à laquelle tu aimes donner un accent plus dangereux et sombre. C’est ça le gothique trad ?

En fait, j'aime les portraits, les fleurs, les animaux et les faucheuses. J'aime aussi une grande variété d’armes blanches, d’épées et de poignards. Je suis follement amoureux de la culture gothique de l’époque, de l’architecture. Les bals royaux dans lesquels se rendent des femmes superbes portant les belles tenues de l’époque me font rêver. J'aime tout cela et je l'ajoute à mon style. C'est l'atmosphère que je mets dans mon travail.

Dans quelles références et oeuvres dark aimes-tu aller nourrir ton imagination ?

J'aime la série de jeux vidéo Dark Souls. Je ne redessine pas les personnages, je m'inspire simplement des concepts et de l'atmosphère générale de l'univers des « âmes sombres ».

Je perçois aussi une influence asiatique et un goût pour les mangas. Tu nous en parles ?

Je regarde parfois des animes, Death Note et Naruto font partie de mes préférés. Ils m'inspirent à leur manière. Mais surtout j'aime styliser les personnages d'anime dans mon propre style. Je ne le fais pas souvent mais j'aime ça.

Tu essaies aussi du lettrage en ce moment, avec un travail sur les textures plus prononcé. Est-ce une envie d’expérimenter ?

La calligraphie et le lettrage me permettent de me reposer. Dans ce style, il n'est pas nécessaire de préparer un croquis à l'avance. La personne vient à la séance, montre l'endroit où elle veut se faire tatouer et je dessine sur son corps. J'imagine, je crée des formes, puis je m'assois et je fais un tatouage. C'est facile pour moi et j'aime faire ce genre de tatouage de temps en temps. + IG : @denis.bedrinsky