Après avoir questionné la théorie de l’évolution dans son exposition précédente (« Darwin Theorem », 2017), l’artiste trentenaire toulousain qui créé plus vite que son ombre - il est à la fois peintre, muraliste et tatoueur- a mis cette fois-ci les « Deux pieds dans la mer » pour sa nouvelle exposition pop-surréaliste. Logée comme la précédente dans le centre d’art Spacejunk de la rue des Capucins à Lyon, elle était visible jusqu’au 27 juillet. Evacuons la question tout de suite, oui le double (triple ?) sens du titre de l’exposition est voulu. Il fait référence à une période douloureuse vécue pendant la préparation de l’événement. La mer, refuge de la grande solitude, fourni aussi une scène idéale à l’artiste où se réconforter de ses sujets favoris : les animaux. Poissons, oiseaux, etc., mais aussi un squelette et un cœur organique, trouvent naturellement leur place, dans des compositions maritimes et nocturnes, entre ciel chargé et eau profonde. La représentation de l’élément liquide est l’occasion pour Veks de montrer l’étendue de sa technique, jouant habilement avec les sources de lumière et les effets de transparence.
L’effet est saisissant dans la pièce maîtresse de l’exposition. Intitulée « Les deux pieds dans l’amer », c’est le plus grand format jamais réalisé par l’artiste (213x148cm). On y voit un personnage géant à la tête de cachalot, vêtu d’un simple linge dévoilant un corps entièrement tatoué, les deux pieds dans l’eau, interpellé devant une barque vide. Référence à la pop culture et tout particulièrement aux mangas japonais peuplés de monstres kaiju, l’auréole qui le coiffe renvoie elle à l’art religieux des primitifs flamands du 15e siècle (van Eyck, entre autres), eux aussi passés maîtres dans le réalisme et la représentation de la transparence. Le trait de Veks, léger et précis, s’apprécie sur les croquis et feuilles d’études encadrées. Au rez-de-chaussée, ils sont associés à une série de livres anciens, chinés par l’artiste, sur lesquels sont peints des yeux interrogatifs – des « eye-books ». A l’étage, un crâne sphérique, un poisson aux jambes interminables et tatouées enjambant un village, un cœur recouvert de champignons forestiers, entre autres, noircissent d’autres pages volontairement jaunies au thé ou au café. On profite aussi de la qualité des tirages réalisés par l’éditeur Noire Méduse avec lequel collabore Veks van Hillik, et grâce auquel ceux ne pouvant s’offrir une œuvre originale pourront toutefois ramener un peu de son talent chez eux. Après Bayonne en avril, puis Lyon, l’exposition sera ensuite à découvrir à partir de septembre à Grenoble, toujours dans le réseau Spacejunk. https://www.spacejunk.tv